• Libertad, chapitre 1

     

    Libertad, chapitre 1

     

     

    Chapitre 1

     Ashley

     

    Un bruit strident arracha Ashley de sa méditation. Elle tendit la main et tapa sur le réveil pour l’éteindre. Elle compta jusqu’à dix avant de se redresser tout en étouffant un grognement de douleur puis se dirigea vers la salle de bain.Elle attrapa sa brosse à dent et se les brossa tout en contemplant son reflet dans le miroir.Des cernes qui pouvaient rendre jaloux un panda trônait fièrement sous ses yeux. Depuis quand avait-elle passé une bonne nuit ? La jeune femme n’était pas ce qu’on pouvait appeler une grande dormeuse. Elle dormait le strict minimum soit 4 à 5h. Mais cette nuit, elle fut incapable de fermer l’œil de la nuit. Ce n’était pas à cause de l’endroit où elle se trouvait. Ni à cause des échos de coup de feu ou des crissements de pneu de voiture démarrant à fond les ballons. Non. C’était juste à cause du fait qu’elle allait retrouver ses meilleurs amis pour la première fois en deux ans.

    -         Tu vas être en retard à l’école, Chica ! Cria son oncle depuis le salon avec son accent espagnol.

    -         J’arrive !

    Ashley rangea sa trousse à maquillage, s’habilla en quatrième vitesse et se rendit dans la cuisine pour se servir un verre de jus d’orange.

    -         Tu as une sale tronche.

    -         Merci, du compliment, tio Rulio.

    -         De nada, chica, répondit  Rulio en faisant un clin d’œil. Au fait, je risque de rentrer tard ce soir. C’est moi qui fais la fermeture.

    L’oncle d’Ashley avait ouvert un bar « El perdón » en plein territoire de gang avec son ami d’enfance.  Ils avaient donné ce nom en mémoire de leur ami victime de la folie de la guerre des gangs. La jeune femme posa ses yeux sur le bras musclé de son oncle et s’attarda sur son immense cicatrice provoquée par une balle perdue lorsqu’il était adolescent.Où est Froy ?

      -         Sur tous les endroits disponibles sur terre. Il a fallut que vous installiez votre bar en plein territoire de gang…

    -         Il faut bien un endroit pour que toutes les tentions s’apaisent, dit son oncle en se dirigeant vers la porte d’entrée pour voir qui avait sonné.

    -         L’enfer est un très bon endroit pour ça… maugréa la jeune femme.

    -         Hola chicos !

    Ashley posa son verre dans l’évier précipitamment et se dirigea vers l’entrée où se trouvaient Trevor et Jensen.  

    -         Merci d’être passé prendre, mi sobrina.

    -         On ne pouvait pas aller en cours sans notre pleurnicheuse.

    -         Qui tu traites de pleurnicheuse, el perverso ?

    -         Salut mi bella, dit Jensen en serrant Ashley dans ses bras.

    -         Mi bella ? J’ignorai que ton espagnol s’était amélioré.

    -         Tu parles. Il arrive à ne retenir aucun mot. Il m’a demandé de lui traduire avant d’arriver, répondit Trevor en serrant à son tour Ashley dans ses bras.

    -         Tu aurais pu t’abstenir de genre de commentaire, mec.

    Ashley regarda ses deux meilleurs amis se disputer sous ses yeux comme au bon vieux temps puis se rendit compte qu’il manquait celui qu’elle désirait voir par-dessus tout.

    -         Où est Froy ?

    -         Il n’a pas pu venir, répondit rapidement Trevor.

    -         Pourquoi ?

    -         Parce qu’on ne lui a pas dit que tu étais rentrée, répondit Jensen.

    -         Vous…

    -         On ferait mieux d’y aller, poursuivit Trevor en prenant le sac de cours de la jeune femme. Tu n’imagines pas à quel point l’école est devenue stricte depuis qu’il y a eu cette fusillade l’année dernière. Ils ferment les portes 1 minutes après la sonnerie.

    -         Passez une bonne journée, cria Rulio avant que la porte ne se referme.

    Ashley prit le sac de cours que Trevor lui tendait puis se mit à marcher en silence pendant que ses deux meilleurs amis étaient en train de faire les andouilles à côté. Jensen sauta en l’air levant la jambe droite tout en lâchant un bruit de karatéka.

    -         Froy est mort ?

    Les deux jeunes hommes stoppèrent net avant de se tourner vers Ashley.

    -         Bien sur que non ! répondit Trevor.

    -         Ça tu n’en sais rien, répondit Jensen en se grattant au dessus de son oreille droit.

    -         La ferme, tejón.

    -         Blaireau toi-même, maugréa Jensen.

    -         Tu es…

    -         Ça suffit ! s’énerva Ashley. Vous allez me dire immédiatement...

    -         Oh. Oh.

    Ashley se tourna vers Trevor qui était en train de regarder une fresque sur un mur où un aigle tenait dans ses serres un serpent.

    -         On est sur le territoire des SouthBloods.

    Un frisson parcouru Ashley de la tête au pied en entendant le nom de ce gang qui était réputé pour être les plus sanguinaires.

    -         On ferait mieux de déguerpir et vite.

    Ils firent demis tour immédiatement et marchèrent le plus vite possible pour s’éloigner de la ruelle quand une voiture noire flambant neuve s’arrêta devant eux. Quatre latino descendirent de la voiture et affichaient tous des visages menaçants. D’instinct, Trevor et Jensen se postèrent devant Ashley pour la protéger et faire en sorte qu’ils ne la remarquent pas. Chose assez difficile étant donné que Trevor mesurait 1m58 et que Jensen était aussi musclé qu’un bout de saucisse sèche. Les deux latinos qui se trouvaient à l’arrière de la voiture se postèrent derrière les jeunes gens pendant que le chauffeur s’approcha d’eux en les toisant de la tête aux pieds avec un regard de tueur en série.

    -         Qu’est-ce que vous foutez là ? Demanda-t-il en espagnol. 

    -         On s’est perdu, répondit Trevor dans la même langue.

    Le latino avec le banda jaune qui se trouvait sur le siège passager et qui ne cessait de déshabiller du regard Ashley passa sa langue sur ses lèvres avant de lâcher :

    -         Je ne dirai pas non qu’elle vienne se perdre sur mon énorme queue.

    -         Faudrait d’abord que tu en aies une, ne pu s’empêcher de lâcher la jeune femme.

    -         Viens là, espèce de salope. Je vais te montrer que j’en ai une.

    Le bandana jaune fit un pas dans sa direction mais fut stoppé net par le chauffeur.

    -         Elle est interdite.

    À ses mots le bandana jaune se raidit avant de marmonner une injure et de rentrer dans la ruelle suivit par les deux gorilles qui se trouvaient derrière eux.

    -         Déguerpissez. Et évitez de vous mettre de nouveau dans ce genre de situation, dit le chauffeur en plongeant son regard dans celui d’Ashley avant de rejoindre ses collègues.

    Ashley et Trevor attrapèrent chacun un bras de leur ami qui essayait de décrypter la conversation puis s’éloignèrent le plus loin possible.

    -         Je peux savoir ce qui s’est passé ?

    -         Rien de spécial. Juste que notre amie ici présente à des idées suicidaires !

    -         Qu’est-ce qu’elle…

    -         Je peux savoir ce qui t’a pris ?!

    -         Désolée. C’est sorti tout seul.

    -         C’est sorti tout seul ? Tu as oublié où tu étais ? Tu n’es plus à New York. Ce genre de phrase peut entraîner notre mort.

    -         Qu’est-ce qu’elle…

    -         Je sais très bien tout ça !

    -         On ne dirait pas !

    Trevor ferma les yeux et prit une grande inspiration pour essayer de retrouver son calme.

    -         Mais qu’est-ce que tu…

    -         Il a voulu dire quoi par « elle est interdite » ? Demanda Ashley qui regardait dans la direction qu’avaient pris les quatre latinos.

    -         Qu’est-ce que j’en sais ? Il a du trouver que tu étais laide comme un pouls alors il a déconseillé son pote de te sauter.

    -         Va te faire, Trevor.

    -         Vous allez me dire ce qui s’est passé à la fin ! cria Jensen en tapant du pied.

    Trevor leva les yeux au ciel avant de lui répondre. Une fois le récit achevé, Jensen se tourna vers Ashley et ajouta d’une voix sérieuse :

    -         Ce n’est pas bien ce que tu as fait, Ash.

    -         Lâche moi la grappe, Jensen. Ce type m’a regardé comme si j’étais un morceau de barbaque.

    -         Ce genre de gars a toujours considéré les filles comme des morceaux de barbaque. Ce n’est pas nouveau ! Tu devrais le savoir depuis le temps ! répondit Trevor en la fusillant du regard.

    -         Désolée d’être devenue féministe en deux ans !

    -         Bah lâche ta féministerie à la poubelle.

    -         Ce mot n’existe pas, Trevor.

    -         La ferme, tejón !

    Les deux garçons continuèrent à se disputer jusqu’au chemin de l’école.

    -         Allez-y devant. Je dois passer au secrétariat.

    -         Non ! Répondirent en cœur les deux jeunes hommes.

    Ashley plissa des yeux et regarda tour à tour ses deux amis. Pour une raison qu’elle ignorait elle se doutait qu’ils lui cachaient quelque chose. Et elle mettrait sa main à couper que ça concernait Froy.

    -         Il vaut mieux qu’on aille avec toi. Avec le coup que tu as fait tout à l’heure, tu pourrais te faire planter avant d’atteindre la porte du bureau d’administration, poursuivit précipitamment Trevor en la poussant vers le bâtiment.

    -         Le bureau d’administration est de l’autre côté.

    Ashley aperçut le regard furtif de Jensen derrière elle. Elle s’apprêta à regarder ce qu’il avait repéré mais Trevor la tira en avant, l’obligeant à marcher.

    -         C’est un raccourci. Ramène-toi où on va être en retard en cours.

     

    La matinée passa sans encombre. À son grand étonnement, elle n’était pas aussi larguée qu’elle avait pensé. Après deux années à s’entraîner non stop et en suivant des cours par correspondance, elle avait douté plus d’une fois de ses aptitudes scolaires. Elle sortit son déjeuner de son casier puis se dirigea vers ses deux amis qui ne l’avaient pas quitté d’une semelle.   

    -         Je ne comprends pas pourquoi ils nous font chier avec ses maths. Comme si ça allait nous servir dans le futur, maugréa Trevor en balançant son devoir à la poubelle.

    -         Mon père s’en sert bien au restaurant.

    -         Je ne compte pas être propriétaire d’un restaurant poulet comme toi.

    -         C’est vrai. Tu comptes vivre d’amour et d’eau fraîche.

    -         Au moins, je ne sentirai pas le poulet quand je rentrerai chez moi, tejón !

    Ashley se dirigea sur la table à sa droite mais stoppa net en sentant un regard sur elle. Elle tourna la tête lentement et retient sa respiration lorsque ses yeux rencontrèrent des yeux bleu couleur océan. Ashley détailla le propriétaire de ses superbes yeux et retient sa respiration devant ce magnifique spectacle. Ce n’était pas le corps musclés du jeune homme qui l’a laissé pantoise, ni ses cheveux châtains clair en pagaille qui lui donnait un côté rebelle pas réveillé. Ce n’était pas non plus sa mâchoire virile et son visage angélique. C’était parce qu’elle avait devant elle, la personne qui l’obsédait depuis deux ans.

    -         Froy, lâcha-t-elle avant de faire un pas dans sa direction.

    Ashley était tellement obnubilé qu’elle n’aperçut pas ses meilleurs amis se raidir en entendant son prénom. Elle ne réagit pas non plus lorsqu’ils lui attrapèrent le bras pour la tirer à l’intérieur.

    -         C’est Froy ! dit-elle en se dégageant de leur main les faisant arrêter à quelques pas devant la porte du bâtiment.

    -         À ta place, j’éviterai, dit Jensen en jetant des coups d’œil furtif vers Froy.

    -         Tu éviterais quoi ?

    -         Froy. Il est…

    -         Un chien enragé, acheva Trévor.

    -         Vous êtes complètement barge…

    -         C’est un Sanchez ! lâcha Jensen subitement.

    -         La ferme, tejón !

    -         Elle le saura tôt ou tard.

    -         Que je saurais quoi ?

    -         Froy a rejoint le gang des Familia Serpiente.

    Ashley se figea en tendant le nom du gang de la famille de Froy. Son frère avait été atteint le grade de chef à la mort du père de Froy. Ce gang était réputé pour leur sadisme et leur méchanceté. Ashley secoua la tête négativement.

    -         Froy n’aurait jamais rejoint un gang. Il l’avait promis à sa mère. Ils nous avaient fait la promesse.

    -         Bah c’est à croire que ses promesses ne sont que du vent, répliqua Trévor.

    -         Vous vous m’éprenez.

    -         Oh je te rassure. La première fois que ses potes nous sont tombés dessus, on pensait qu’il s’agissait d’une erreur mais quand ils ont récidivé la seconde fois, on a très vite compris que ça ne l’était pas, répondit sarcastiquement Trévor.

    -         Froy a vite gravit les échelons un à un. Les types qui sont autour de lui, le suivent comme des petits toutous.

    Ashley se retourna et regarda les types qui étaient autour de Froy. Tous arboraient des bandeaux autour de leur tête mais aussi un tatouage sur lequel était dessiné un serpent enroulé autour d’un poignard.

    -         Des rumeurs disent qu’il est destiné à être le futur chef des Familia Serpiente, poursuivit Jensen.

    -         Il ne fait plus parti de notre monde, Ash. Il vaut mieux que tu l’oublies et que tu l’évites comme la peste.

    Ashley reporta son attention vers Froy. Celui-ci poussa la fille latino à moitié vêtue qui s’était installé sur ses cuisses puis descendit de la table tout en continuant à fixer Ashley du regard.

    -         Okay. On se barre et vite. Ses gugus nous ont repéré, dit Jensen paniqué.

    À ses mots, Ashley détacha son regard de Froy et constata que Jensen disait vrai. Les gorilles assemblés autour de leurs amis d’enfance étaient tournés vers eux et se fendaient la poire. Nul besoin d’être un médium pour savoir que c’était de eux qu’ils se moquaient. Le sang d’Ashley fit un demi-tour en voyant Froy se marrer à son tour.

    -         Espèce de…

    Ashley s’apprêta à se diriger vers le petit groupe, mais Jensen et Trevor lui attrapèrent chacun un bras pour la tirer à l’intérieur du bâtiment.

    -         Lâchez-moi ! Je vais lui faire ravaler son sourire à la con. Cabrón ! cria-t-elle.

    -         Le traiter d’enfoiré ne changera pas ce qu’il est devenu, Ash.

    -         Ni de lui sauter dessus aussi, rajouta Jensen.

    -         Non, mais ça soulage !

    -         C’est pour cette raison qu’on a rien voulu te dire ! On savait que tu allais disjoncter en apprenant la nouvelle.

    -         Je ne disjoncte pas !

    -         Non. Tu allais juste te battre avec un membre des Familia Serpiente ! Je n’imagine même pas ce qui se serait passé si on ne t’avait pas arrêté.

    -         Trevor a raison. Froy a changé, Ash. C’est devenu une brute sanguinaire. Crois-moi. Il vaut mieux que tu l’évites.

    Ashley tourna la tête vers Froy. Celui-ci était retourné s’asseoir sur la table et était scotché aux lèvres de la fille latino.

     

    Les paroles de Jensen ne cessait se répercuter dans son cerveau. Lui demander d’éviter Froy était comme lui demander de ne plus respirer, c'est-à-dire impossible.

    Ses meilleurs amis ignoraient ce qu’elle ressentait pour Froy. Elle avait mis un point d’honneur à ne pas les informer car ils n’auraient jamais compris. Pour eux, une amitié ne pouvait être franchit. Ils voyaient Ashley comme une sœur et penser autrement serait un blasphème pour eux. Elle porta machinalement sa main à sa croix et se souvient du moment où ils s’étaient achetés tous les 4 la même croix se promettant d’être les meilleurs amis pour la vie. Ils avaient à ce moment là 6 ans.

    À cet âge là, on ignore encore ce qu’est la vie. Les hormones sont en modes « Off » on ne pense qu’à s’amuser et à provoquer l’autorité parentale.

    C’est à ses 13 ans que les hormones d’Ashley s’étaient mises à lui jouer des tours.

    Soit le jour de l’anniversaire des 18 ans de Tyliana, la sœur aînée de Trevor.

    Pour ce jour là, ils avaient du enfiler des tenues décentes après avoir reçu des menaces de Tyliana. Ashley avait du passer sous les mains expertes de la jeune femme. Les garçons eux avaient  réussi à l’esquiver et avait mis en quatrième vitesse les costumes que la grand-mère de Trevor avait fabriqués de ses mains.

    Ashley avait pouffé de rire en voyant l’accoutrement de Trevor et Jensen. Rire qui c’était vite évanouis lorsque ses yeux s’étaient posés sur Froy. Sur le moment, elle s’était demandée ce qui le rendait aussi différent. Elle s’était attardée sur ses cheveux en bataille, ses yeux bleus qui lançaient des éclairs furieux, son costume parfaitement taillé, sa chemise à moitié boutonnée et sa cravate à moitié nouée. Elle se souvient encore de la réaction de son corps mais aussi de son cœur lorsqu’elle avait compris que toutes ses choses avaient rendu Froy Sanchez irrésistible à ses yeux.

    Ashley tourna la tête vers l’horloge qui affichait bientôt 18h. Il ne lui restait plus que 10 minutes pour sortir de la piscine et s’habiller avant que le cours de rattrapage des garçons ne se termine. Elle plongea sous l’eau, refit surface et se dirigea vers l’escalier pour sortir de l’eau.

    -         J’avais cru avoir une hallucination lorsque je t’ai vu tout à l’heure.

    Ashley attrapa la serviette qui se trouvait sur la chaise à côté d’elle, s’enroula dedans puis se tourna après avoir été certaine de contrôler les réactions de son corps.

    -         Et moi, j’ai cru frôler l’infarctus lorsque j’ai appris que t’avais rejoint un gang, répondit Ashley en plongeant son regard dans le sien.

    -         Ma vie est devenue compliquée après ton départ.

    -         Tu m’en diras tant…

    Froy se passa la main dans les cheveux comme à son habitude lorsqu’il était nerveux.

    -         Tu comptes repartir bientôt ?

    -         Pourquoi ? Tu as peur que je vois tes exploits ou ceux de tes petits copains ?   

    -         Le gang a changé depuis ton départ.

    -         Va dire ça à Trevor et Jensen qui font que se faire persécuter par tes brutes. Ou encore à la gamine qui a été tuée par une balle perdue, il y a un mois, répliqua froidement Ashley avant de se rendre au vestiaire.

    Elle attrapa ses affaires dans son casier tout en lâchant des injures à l’encontre du jeune homme mais aussi contre elle ou plutôt contre son traître de corps qui avait été à deux doigts de la trahir. Elle avait du rassembler tout son courage lorsqu’il avait passé sa main dans ses cheveux. Son corps lui criait son envie de le toucher également. Ashley ferma son casier brutalement avant de sortir par la porte de derrière.

    -         Tu en as mis du temps ! Qu’est-ce que tu faisais ?

    -         Rien d’important. Où est Jensen ?

    -         Il attend devant le portail.

    -         Pourquoi ?

    -         Il n’était pas rassuré de voir autant de membre de gang dans un même endroit. 

    -         C’est vrai que rester devant le portail, c’est beaucoup moins dangereux…

    -         Vous en avez mis du temps !  

    -         T’avais cas rester avec moi à attendre Ash.

    -         C’est ça. Et risquer de se faire prendre dans une fusillade ?

    -         Ça s’est passé il y a un an, soupira Trevor.

    -         C’est endroit grouille de membre de…

    -         Regardez les gars. Tic et Tac sont de sortis, ricana une voix dans leur dos.

    Les trois jeunes gens se tournèrent et se trouvèrent face à 8 latinos, tous aussi musclé les uns que les autres. Trevor et Jensen se postèrent devant Ashley en tremblant de la tête au pied mais ne faillirent pas devant les sourires sadiques de leurs interlocuteurs.

    -         On dirait qu’ils ont dégotés une belle plante, dit en espagnol le type à côté de celui qui avait traité les garçons de Tic et Tac.

    -         Ça te dirait de venir avec nous, t’amuser un peu ?

    -         Ouais. J’ai besoin que quelqu’un mastique le manche, dit le type qui était derrière.

    Ashley posa son sac et s’apprêta à sauter dessus pour l’émasculer mais quelqu’un la devança en premier. Le latino se retrouva projeté au sol avec la lèvre sanguinolente. Froy se plaça devant lui, lui attrapa le t-shirt et frappa encore et encore jusqu’à ce que son visage ne soit plus qu’en bouillie.

    Ashley se figea lorsque les yeux de Froy se posèrent sur elle. Une lueur furieuse brillait dans ses iris. Sans comprendre se qui se passait, Froy fonça vers la jeune femme en prenant soin de bousculer Trevor et Jensen. Une fois à sa portée, il lui attrapa le bras et la tira violemment plus loin vers une voiture noire.

    -         Tu te rends compte de ce que tu t’apprêtais à faire ? s’emporta Froy une fois assez loin du groupe

    -         Oui, j’allais lui envoyer mon pied dans ses valseuses !

    -         Ces gars ne sont pas des enfants de cœurs !

    -         Toi non plus à ce que je vois.

    Ashley déglutit en voyant Froy fermer les yeux et contracter sa mâchoire. 

    -         Monte. Je te ramène chez toi avant que tu te fasses tuer, dit-il en ouvrant la portière passager.

    -         Sans façon.

    -         Je t’ai dit de monter.

    -         Et moi, je t’ai dit non.

    -         Ne m’oblige pas à t’y mettre dedans de force.

    -         J’aimerai bien voir ça, dit-elle en croisant ses bras sur sa poitrine tout en le fusillant du regard.

    -         Tu…

    -         Mon bébé. Est-ce que ça va ? Mikey m’a dit que tu t’étais battu avec Salvatore.

    La fille à moitié vêtue bouscula Ashley et attrapa la main de Froy pour l’examiner en détail.

    -         Ça doit faire mal, non ?

    -         Il n’y a qu’une seule chose qui puisse me faire du mal, répondit le jeune homme en regardant Ashley droit dans les yeux.

    -         Ash. Allons-y, dit Trevor en prenant la main de la jeune femme.

     

    -         Il va vraiment falloir que tu apprennes à te calmer, rouspéta Trevor.

    -         Je n’ai rien fait !

    -         Essaye de faire gober ça à quelqu’un d’autre !

    -         Trevor a raison. Si Froy n’avait pas fracassé la tête de ce type, dieu seul sait ce qui se serait arrivé.

    -         Je vais te dire ce qui se serait arrivé. On serait à la morgue !

    -         Pourquoi tu en fais tout un plat ?

    -         Je croyais que ce qui s’est passé ce matin t’avait servit de leçon. C’est faire trop de saut de biche qui t’a retourné le cerveau ?

    -         Va te faire voir, Trevor.

    Trevor sortit les clés de sa poche et ouvrit la porte de chez lui avant de crier.

    -         Je suis rentrée, abuelita !

    -         Abuelita est sortie.

    -         Salut Elena, dit Jensen en se dirigeant droit dans la cuisine.

    -         Salut.

    -         Oh. C’est vrai. Elena, ma cousine. Ash, ma meilleure amie suicidaire.

    -         Trevor m’a beaucoup parlé de toi.

    -         N’importe quoi !

    -         Tu es en vacance parmi nous ?

    -         Non. Je suis revenue.

    -         Tu as abandonné ton école de danse ? demanda Elena surprise.

    -         On peut dire ça comme ça, oui.

    Ash se dirigea dans le salon et attrapa la bouteille d’eau que lui tendait Jensen.

    -         Alors ? On joue à quoi ? Call of Duty ? Zombie contre attaque ? Ou Super Mario Kart.

    -         Super Mario Kart, répondit Jensen en allumant la console.

    Ils jouèrent ainsi pendant plus d’une heure avant l’arrivé de la mère de Trevor. Dès qu’elle franchit la porte les bras chargé de course qu’une sirène retentit. Ashley se dirigea à la fenêtre et regarda une voiture de police passer dans le quartier sirène hurlante, crachant l’ordre de rester confiné dans les maisons.

    -         Vous n’avez rien les enfants ?

    -         On va bien. Qu’est-ce qu’il se passe ?

    -         La police doit rechercher quelqu’un. Il y a eu une fusillade dans le quartier Nord.

    Le sang d’Ashley se glaça en entendant cette nouvelle. Le bar restaurant de son oncle se trouvait dans ce secteur. Elle attrapa son téléphone et constata qu’elle avait un message de celui-ci lui disant qu’il n’avait rien.

    -         J’espère qu’un de ses enfoirés est mort, Dit Trevor en faisant semblant de cracher au sol.

    Mme Cruz attrapa le journal posé sur la table et frappa son fils avec.

    -         Surveille tes manières !

    -         Aïe !

    -         Les enfants, prévenez où vous êtes. Pendant ce temps, je vais vous faire à manger.

    Deux heures plus tard, le confinement n’était pas levé. Mme Cruz ordonna donc à Jensen et Ashley de dormir chez eux. Jensen pris donc la direction de la chambre de Trevor et Ashley l’ancienne chambre de Tyliana où séjournait Elena.

    -         Pourquoi tu me regardes comme ça ?

    -         Surtout ne te vexe pas mais vu la description que Trevor me faisait de toi, je t’imaginais pas du tout comme ça.

    -         Et comment tu me voyais ?

    -         Comme quelqu’un qui mesure 1m80 et qui pèse dans les 40 kilos.

    -         C’est ce qu’on appelle des préjugés envers les danseurs. Je mesure 1m56 et pour ta propre sécurité, je ne te dirai pas mon poids.

    -         Dans ce cas là, je ne te dirai pas le mien non plus.

    -         Je sens qu’on va bien s’entendre.

    -         Tu attends un appel ?

    -         Quoi ?

    -         Je te vois regarder ton téléphone toutes les 30 secondes.

    -         Je… Disons qu’en quelques sortes… j’espérai oui, avoua Ashley.

    -         D’un garçon ?

    -         Il n’y a pas à dire, tu es douée pour entamer des discussions gênantes.

    -         Intéressant.

    -         Quoi ?

    -         Trevor m’a relaté ta vie en détail et pas un seul instant il a fait référence à un garçon.

    -         Il t’a relaté ma vie ? Qu’est-ce qu’il a dit ?

    -         Que tu vivais chez ton oncle, que tu étais intelligente, douce, et douée pour la danse. Je te dis pas comment il a réagit d’ailleurs lorsqu’il avait appris que tu avais été accepté dans ton école de surdouée. Il était tellement fier. Même si à un moment, il a eut peur que tu puisses les oublier.

    -         Comme si j’aurais pu les oublier…

    -         Je l’aurais fait à ta place ! Si j’avais le choix de me barrer d’ici, je m’accrocherai à ce rêve et ferait tout pour que ça marche.

    -         Parfois les rêves finissent par se briser, dit Ashley le regard perdu vers la fenêtre.

    -         Ce n’est pas vrai ! Tu as abandonné après être tombée enceinte de ce fameux gars dont tu attends un appel ?

    -         Non !  Où est-ce que tu es allée chercher une idée pareille ?

    -         Il s’est passé quoi alors ?

    -         J’ai eu une double fracture de la cheville après avoir été renversé par une voiture.

    -         Aïe, c’est moche.

    -         C’est le moindre qu’on puisse dire, oui…

    -         Tu sais ce qui te reste à faire ?

    -         Non. Mais je sens que tu vas me le dire.

    -         Te trouver un autre rêve !

    -         Tu balances ça comme si tu enlevais une paire de chaussette crade.

    -         Sans rêve, on ne se fixe pas de but et sans but on devient amère et suicidaire comme tu l’es en ce moment.

    -         Je ne suis pas amère et suicidaire.

    -         Trevor m’a raconte ce qui s’est passé aujourd’hui. Si t’a pas des pulsions suicidaires alors moi je suis la présidente de Cuba.

    Ashley ne ferma pas les yeux de la nuit car elle ne cessait de se passer en boucle la conversation qu’elle avait eut avec Elena. C’est vrai qu’elle était impulsive. Pour dire la vérité, elle l’avait toujours été mais ses temps-ci ses pulsions la faisait perdre totalement le contrôle, au point de n’avoir plus rien à faire des conséquences. Elle attrapa son portable et regarda sa messagerie dans l’espoir de recevoir un de ses SMS. Dans le passé lorsqu’ils étaient éloignés les uns des autres lors d’un confinement, le premier réflexe était de s’envoyer des messages. Un message suffisait à rassurer Jensen et Trevor mais pas Froy. Le jeune homme envoyait des SMS à faire saturer son téléphone jusqu’au lever du confinement. Elle ouvrit l’application des images et regarda les photos. Sur chacune d’elle se trouvait ses meilleurs amis. Elle s’arrêta sur la photo prise lors des 18 de Tyliana. Froy tendait la main vers l’appareil photo et souriait faisant ressortir ses deux adorables fossettes. Ashley poussa un long soupir avant d’éloigner les couvertures et de se diriger hors de la chambre pour se rendre dans la chambre des garçons. Elle trouva Jensen sur le matelas au sol, les bras et les jambes en étoile de mer, le t-shirt remonté en haut de son ventre et le drap à ses pieds. Elle se pencha puis remis le draps sur Jensen avant de se rendre dans le lit de Trevor.

    -         Tu te rends compte qu’on a plus 6 ans, dit Trevor d’une voix endormie. 

    -         Les choses étaient moins compliquées à ce moment là, soupira Ashley.

    -         Quelque chose ne va pas ?

    -         Tu crois qu’il va bien ?

    -         On s’en fou de comment il va, Ash, dit Trevor en se redressant. Il a choisi son gang à nous. C’est sa merde. Pas la notre !

    -         C’est notre ami.

    -         C’était notre ami, rectifia Trevor. Écoute. Je sais que c’est dur à encaisser mais il va falloir que tu t’y fasses. Froy n’est plus le Froy que tu connaissais.  

    Ashley repensant au visage furieux du jeune homme lorsqu’il était en train de passer à tabac un type de son gang, à ses mains en sang et à son regard glacial. Que lui était-il arrivé pour tourner ainsi ? Et pourquoi avait-il rompus la promesse qu’il avait faite à sa mère et à eux ? Elle ouvrit la bouche pour poser ses questions à Trevor mais se ravisa voyant très bien que le sujet Froy était devenu tabou pour le jeune homme. Ashley attrapa son portable ouvrit l’application des messages sélectionna le nom de Froy puis descendit dans le compartiment d’en dessous.

    À : Froy

    Tu es vivant ?

     

    Elle regarda cette phrase pendant 10 minutes puis décida finalement de l’effacer. À quoi bon lui demander ? Trevor avait raison. Froy n’était plus celui qu’elle avait connu. Car si ça avait été le cas, il lui aurait envoyé des messages dès que les sirènes avaient retenti. Hors sa messagerie était vide. Elle ferma son téléphone et essaya de dormir.


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