• Les Héritiers de Rapsody, Tome 1, chapitre 6

    Chapitre 6

     

    Cela faisait plus de 7h que le bal était terminé. Sept longues et interminables heures depuis qu’il avait perdu le contrôle et embrassé cette humaine. En un sens la venue de son frère ainé lui avait sauvé la mise et empêché de commettre l’irréparable. Il porta son verre à ses lèvres et grimaça face au goût.

    • Veuillez me jeter ce sang imbuvable.
    • En souhaitez-vous un autre, plus jeune ?
    • Il souhaiterait plutôt aller directement à la source et boire le sang d’une lionne.
    • Qu’est-ce que tu fais ici, Dan ?
    • Je n’arrive pas à dormir à cause de cette humaine écervelée. Et toi ? Pourquoi ne dors-tu pas ? Je pensais que tu dormirais comme une souche après avoir fait mumuse avec cette humaine.
    • Il ne s’est rien passé.
    • Tu crois peut être qu’elle va oublier comme si de rien était ? Attends un peu…
    • Il le fallait.
    • Pourquoi tu as fait ça ?
    • C’est une humaine et moi un vampire. Tu veux un dessin ?
    • Rien n’empêche un vampire de se taper une humaine.
    • Dans ce cas là pourquoi tu ne te fais pas cette cinglée ?
    • Parce que je ne touche pas aux filles azimutées.
    • Trouve autre chose.

    Dan s’apprêta à répliquer mais quelqu’un vient frapper à la porte. C’était Alfonse qui était revenu avec un plateau en argent dans sa main droite et Hope derrière lui. Christopher se fit violence pour ne pas lever les yeux de son jeu vidéo pour regarder la jeune femme. Alfonse s’approcha des garçons et posa deux verres de sang. Il s’attendait à ce que la jeune femme réplique son dégoût mais rien ne vient. Il se risqua à lever les yeux vers elle et son cœur manqua un battement en voyant sa tenue vestimentaire. Elle avait revêtue les vêtements qu’il avait demandés, soit un Baggy et un débardeur noir. Comment pouvait elle être aussi sexy alors que ce genre de tenue était hideuse sur les ¾ de la gente féminine.

    • C’est la première fois que je vous vois aussi silencieuse. Que vous arrive-t-il ?
    • J’ai l’impression d’avoir oublié quelques choses mais j’ignore quoi…
    • Voilà qui est intéressant, dit Dan en se redressant de son fauteuil.
    • Ça ne devrait pas être si important que ça.
    • Pas important ? Répliqua Christopher vexé.

    Il contracta sa mâchoire et se fit violence pour ne pas frapper son garde du corps qui rigolait sous cape. Elle considérait cette absence de souvenir comme pas important ? Certes, il était responsable du fait qu’elle ne se souvienne de rien mais delà à dire que ce n’était pas important… Il s’apprêta à se lever pour mettre le plus de distance entre eux, lorsque la porte s’ouvrit laissant apparaître son frère aîné. Christopher et Dan se raidirent instantanément tandis qu’Hope fixait l’intrus d’un regard noir.

    • Je me disais que tu ne dormirais pas… Tiens qu’avons-nous là ?

    D’instinct Christopher se déplaça et vient se poster devant Hope.

    • Est-ce la fameuse humaine dont père m’a parlé ?

    Christopher émit un grognement en voyant son frère s’approcher.

    • Calme-toi, petit frère. Je ne vais pas te la prendre. Dompter les humains caractériels est trop épuisant et ennuyeux.
    • Petit frère ? Répéta Hope surprise. Génial. Il ne manquait plus qu’un autre tyran.

    Christopher se raidit en entendant sa dernière pique. Il aperçut Dan se lever et se poster à côté de lui. Christopher grinça des dents en entendant Hope lâcher un cri de douleur. Il leva les yeux vers son frère qui affichait un sourire sadique.

    • Quel magnifique collier, avez-vous là ?
    • Arrête ça, menaça Christopher.

    Hope tomba à genou les mains sur son collier tout en continuant à pousser des gémissements de douleur. Christopher essaya de récupérer le contrôle du collier mais peine perdu. Son frère était plus puissant que lui… Christopher plongea sur son frère et le plaqua contre le mur violement.

    • Je t’ai dit d’arrêter ça.
    • Que t’arrive-t-il, petit frère ? Aurais tu perdu ton sens de l’humour ? Où deviendrais-tu sensibles envers les humains ? Ricana-t-il.
    • Je me contrefous des humains.
    • Sauf celle là à ce que je vois, dit-il un sourire moqueur sur les lèvres. Quoi qu’il en soit cette fille est une humaine, petit frère. N’oublie pas à quoi ils sont destinés. Jouet ou pas, lâcha-t-il en se dégageant pour sortir de sa chambre.
    • Il faut vraiment que vous appreniez à la fermer ! cria Christopher plus furieux que jamais. Vous êtes l’humaine la plus stupide que j’ai…
    • Christopher…

    Christopher lâcha une injure lorsque Dan s’écarta d’Hope. Celle-ci était allongée à même le sol et avait perdu connaissance.

     

    • Pourquoi tu lui as effacé la mémoire ? Demanda Dan.
    • Tu sais très bien pourquoi.
    • Non, je ne comprends pas pourquoi, mec. C’est ton jouet. Tu n’as pas à justifier tes faits et gestes et encore moins le fait de vouloir la sauter. Sa vie t’appartient et tu peux en faire tout ce que tu veux alors pourquoi tu…
    • Je quoi ?
    • Tu as peur qu’il lui arrive quelque chose s’ils apprennent que tu en pinces pour cette humaine.
    • Ne dis pas n’importe quoi. Cette fille est juste un jouet pour moi.
    • Un jouet, tu dis ? Tu n’auras aucun problème à t’en débarrasser lorsque tu en auras marre d’elle alors ?
    • Je la viderai de son sang sans le moindre problème.
    • Et si ton père la demande avant ?
    • Je lui apporterai moi-même.
    • Et après on dit que c’est moi le monstre sans cœur, dit Dan avant de sortir de la chambre.
    • Oui, votre altesse ?
    • Amenez là dans ma chambre ainsi que ses affaires.
    • Dois-je la mettre dans votre lit ?
    • D’après vous ? Où dorment les jouets de la royauté ?
    • Au pied du lit, votre altesse.

    Il sortit de la pièce miteuse et se dirigea dans son bureau où l’attendait le responsable du territoire nord de Rapsody. L’entrevu dura plus d’1h. À peine le duc parti qu’une autre personne pris sa place. Ce fut au alentour de 4h du matin qu’il pu enfin avoir la paix. Il s’adossa contre son fauteuil et pencha la tête en arrière. Il ferma les yeux et attendit les battements de cœur de la jeune femme derrière la porte de sa chambre. Il se leva, ouvrit la porte et regarda son jouet dormir à même le sol, ruisselante, trempée de sueur. Son teint qui d’habitude était bronzé était devenu pâle signe que la fièvre n’était pas tombée. Il fit un pas en avant mais s’arrêta net. Cette fille était son jouet et rien de plus alors pourquoi avait-il du mal à se le rappeler à chaque fois qu’il posait ses yeux sur elle ? Cet écart de conduite qu’il avait eu la veille ne devait en aucun cas se reproduire. Baiser était autorisé mais embrasser interdit. Il devait rester loin de ses lèvres sensuelles s’il voulait continuer à garder les distances. Il porta sa main à sa poitrine et se souvient la réaction de son cœur lorsqu’il s’était jeté à ses lèvres. C’était bien la première fois qu’il lui faisait ce coup là. Pour dire la vérité, c’était bien la première fois qu’il le sentait battre. C’était une de ses raisons qui l’avait poussé à lui effacer la mémoire de cette soirée en plus du fait que son frère s’était pointé chez lui. Il devait se reprendre en main et se remettre de l’ordre dans ses idées. Il se taperait la tête contre le mur s’il fallait que cette idée rentre dans sa tête. Cette fille était son esclave et rien d’autre. Un moyen de se divertir dans ce monde ennuyeux !

    • Tu es pathétique, mec, se dit-il avant de refermer la porte.

    Il était devenu en quelque sorte le serpent qui se mordait la queue. Il l’avait laissé vivre malgré l’affront qu’elle avait eu lors de la moisson. Il avait pensé qu’elle serait une distraction parfaite mais au lieu de ça, la distraction s’était changée en obsession. Il ouvrit la porte de la chambre et s’avança vers elle. Une pensée lui vient alors à l’esprit. Et s’il assouvissait ses besoin une bonne fois pour toute peut être qu’il arrêterait d’être obnubilé par elle… Peut être la verrait-il comme « le jouet du Prince » une fois souillé. Il secoua la tête en essayant de retrouver ses esprits mais lorsque ses yeux se posèrent sur le regard voilé de fièvre de la jeune femme son monologue vola en éclat. Il éloigna les couvertures d’elle, plaça ses bras atour de son corps puis la souleva avant de la poser sur le lit. Il la déshabilla lui laissant seulement sa culotte et son soutien gorge puis fit la même chose de son côté. Une fois dévêtu, il vient se plaquer contre le dos d’Hope qui frissonna.

    • Il fait froid, murmura-t-elle.
    • Il faut faire tomber la fièvre, dit-il en serrant le corps brûlant d’Hope contre lui.

     

    Quelle était cette sensation ? Était-ce de la chaleur ? Christopher tourna la tête vers la fenêtre qui laissait filtrer un soleil brûlant. Le premier réflexe fut de protéger ses yeux mais suspendit son geste. Le soleil était à sa grande surprise supportable. Il ferma les yeux et laissa les rayons caresser son visage. Lorsqu’il les ouvrit. Il vit Hope posté devant la fenêtre. Elle lui sourit et lui tendit la main. Il s’apprêta à la lui saisir lorsque son père se matérialisa à côté d’elle avant de planter ses crocs dans son cou pour lui arracher la jugulaire.

    Christopher se réveilla en sueur, la respiration saccadée. Il baissa les yeux et regarda Hope qui dormait paisiblement lové contre lui. La tête reposant sur son torse, sa main droite sur son ventre et sa jambe droite sur les siennes. Il essaya de sortir du lit mais en fut incapable. La jeune femme se blottit un peu plus sur lui.

    • Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? murmura-t-il en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille.

    Le collier d’Hope vira au bleu. Il appuya sa tête contre l’oreiller, regarda le plafond avant de pousser un long soupir. Non seulement elle était en train de le torturer en se collant à lui comme une sangsue mais en plus ce foutu collier qui était censé être à son avantage était en train de lui foutre le coup de grâce. Avant de lui mettre, il ignorait totalement ses humeurs. Il avait d’ailleurs trouvé ça frustrant de ne pas savoir si elle était énervée ou pas. Mais maintenant qu’il regardait ce collier changer de couleur à chaque instant il n’était plus frustré mais perdu. Il réussi à s’extirper du lit et sortit de la chambre. Il attrapa un verre de Scotch et se dirigea vers le piano. Ses doigts se posèrent sur les notes qui commencèrent à lâcher un son mélodieux. Il ferma les yeux se laissant entraîner par la musique qu’il était en train de produire. Petit à petit son esprit se libéra de tous ses problèmes. En deux trois mouvements le problème qui lui torturait l’esprit depuis hier soir c’était envolé. Son cerveau se coupa du monde extérieur le plongeant dans sa bulle. Il n’y avait plus de prince. Il n’y avait plus de hurlement d’humain ou de vampire en train de se faire torturer au loin. Il n’y avait plus de femme à l’autre côté de la pièce qui était en train de le rendre barge. Il n’y avait plus que lui et son piano.

    • C’est comme ça que vous faites tomber les filles de votre espèce ? En jouant des morceaux déprimant aux pianos ?

    Christopher ouvrit les yeux et aperçut la jeune femme enveloppée dans un drap beaucoup trop grand pour sa morphologie.

    • Je n’ai pas besoin de jouer du piano pour les amener dans mon lit.
    • Qu’est-ce que vous faites alors ? Vous montrez votre insigne de la royauté et la fille tombe à vos pieds ? dit-elle en s’approchant du piano.
    • Je croyais que vous le saviez déjà.
    • Savoir quoi ?
    • Que lorsque j’ai envie de quelque chose, je le prends sans demander, dit-il en la regardant intensément.
    • Ne me regardez pas comme ça.
    • Et comment devrais-je vous regarder ?
    • Je n’en sais rien mais pas comme ça. Pas comme si j’étais désirable à vos…
    • Qui y a-t-il ?
    • J’ai l’impression d’avoir déjà vécu cette scène.
    • Vraiment ? Et que faisions-nous ?
    • Je…
    • Vous rêvez tellement de moi la nuit que toutes nos discussions vous semblent familière ?
    • Ça doit être ça.

    Christopher plissa des yeux essayant de savoir où elle voulait en venir. Il commençait à se demander s’il avait bien fait d’enlever le collier ou pas en fin de compte…

    • Allez-vous coucher. Nous prenons la route dans quelques heures.
    • Pour allez où ?
    • En Transylvanie, dit-il en sortant de ses appartements privés.

     

    Le lendemain, la voiture de Christopher l’attendait devant les portes du château. Derrière sa Ferrari rouge se trouvait deux immenses Range Rover noir.

    • Ton père demande à ce qu’on s’arrête à Landcastel avant d’aller en Transylvanie.
    • Super, maugréa-t-il.
    • L’humaine devrait rester ici. Elle…
    • Il en est hors de question.
    • Elle est plus en sécurité ici qu’avec nous.
    • Je sais.

    Il avait d’ailleurs pensée à ce qu’elle reste ici mais l’idée de rester loin d’elle quelques jours le mettait hors de lui. Il voulait l’avoir sous la main même s’il se rendait dans des endroits peu sur pour les humains et encore moins pour une humaine avec un sale caractère comme elle. Son corps entier se raidit en sentant des effluves de vanilles. Il tourna la tête et dévisagea Hope de la tête aux pieds. Celle-ci portait une longue robe blanche à bretelle avec des boots noirs. Elle avait tressé ses cheveux sur le côté et portait un maquillage léger. Il leva les yeux vers Alfonse qui affichait un air satisfait.

    • On risque de pas s’ennuyer, ricana Dan en donnant une tape dans le dos de Christopher.
    • Je vous présente nos excuses pour notre retard, votre altesse.
    • Vous êtes excusés, Alfonse, répondit-t-il sans détacher son regard de Hope.
    • Le résultat vous plaît-il ?
    • Il est horrible mais on fera avec, dit-il en ouvrant la portière passager pour que la jeune femme puisse entrer.

    Une fois installé derrière le volant, il enclencha la première et sortit en trombe.

    • Que se passe-t-il dans votre tête pour que vous gardiez ainsi le silence ? Demanda-t-il au bout de 20 minutes de silence.
    • Vous allez me donner à votre père ?
    • Qu’est-ce qui vous fait croire ça ? Demanda-t-il surpris.
    • Vous avez dit explicitement que lorsque vous en aurez marre de jouer avec moi vous m’amèneriez à votre père personnellement.
    • Vous avez donc entendu notre discussion…
    • Vous évitez ma question.
    • Je ne vous livre pas à mon père.
    • Qu’est-ce qui me dit que vous ne mentez pas.

    Christopher tourna la tête et plongea son regard dans celui de Hope qui se mordit la lèvre inférieur comme pour éviter de continuer dans sa lancé.

    • Depuis que je suis né je n’ai jamais partagé mes jouets et ça ne risque pas de commencer maintenant.
    • Vous avez effacé quelque chose de ma mémoire, n’est-ce pas ?
    • Il se pourrait effectivement.
    • Qu’est-ce que c’était ?
    • Rien d’important, je vous assure.
    • On a couché ensemble ?
    • Vous considérez ça comme quelque chose de pas important ? Cligna-t-il des yeux surpris.
    • Moi non. Mais vous oui, il semblerait…
    • Ce n’est pas ça, maugréa Christopher.
    • C’est quoi alors ?
    • Disons qu’il vaudrait mieux que vous arrêtiez de boire…

    Hope afficha une grimace avant de s’enfoncer le plus possible dans son siège.

    Ils continuèrent à rouler pendant toute une journée jusqu’à s’arrêter devant un immense château situé sur une colline en bord de mer. Lorsqu’il arrêta la voiture, un vampire d’un certain âge vient lui ouvrir la portière avant de s’incliner.

    • Bienvenue à vous, prince Christopher. Votre père vous attend dans ses quartiers.
    • Restez avec Dan.
    • Le roi a exigé que votre esclave personnelle vienne avec vous.

    Christopher lâcha une injure avant de se diriger à l’intérieur accompagné par son garde du corps et de Hope. Il monta les escaliers tortueux avant de se retrouver devant une immense porte en bois massif qui était gardée par deux gardes armés. Ils ouvrirent la porte et s’écartèrent pour les laisser passer. Une fois à l’intérieur, il y retrouva son père ainsi que trois de ses esclaves à moitié dénudé avec des traces de morsures sur chaque partie de leur corps.

    • Te voilà enfin !
    • Père.
    • Je suis heureux de voir que tu as amené ton esclave.

    Le patriarche se leva et se retrouva en deux trois mouvements devant la jeune femme qui se raidit à son contact. Il lui attrapa son bras droit, le leva vers lui et lui fit une entaille avec son ongle. Il s’apprêta à lécher le sang qui coulait mais Christopher posa sa main sur la plaie.

    • Éloigne ta main.
    • Cette humaine m’appartient.

    Le roi leva la main et gifla son fils violement. Christopher porta ses doigts sur ses lèvres et vit du sang. Il se tourna vers Dan qui comprit immédiatement son message silencieux. Il attrapa la main d’Hope et la tira hors de la chambre.


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