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Premier et dernier amour - Takahiro : chapitre 04
Chapitre 4
- Ta copine a la grâce d’un rhinocéros, ricana Ryota.
Toru tourna la tête vers la porte de sa chambre et se mit à sourire en entendant Laia ronfler jusque-là où ils étaient.
- Elle est malade.
- Dis-lui de ne pas s’approcher de Louna alors, dit Taka qui était en train de pianoter sur l’ordinateur.
Les garçons se tournèrent vers le jeune homme surpris par sa réflexion.
- Si Louna tombe malade alors je tomberai malade aussi.
- Tu as plus de chance de tomber malade en premier que Louna, répliqua Toru.
- Prends un peu plus soin de ta femme et empêche-la de sortir de sa chambre alors !
- On n’est pas marié et ce n’est pas une gamine. Elle peut prendre soin d’elle toute seule.
- Je te parie que c’est ce qu’elle ta balancé quand tu as essayé de prendre soin d’elle, dit Ryota.
- Ouais, maugréa Toru.
- Elle ne changera décidément jamais.
- Seul les idiots changent…
- Tu devrais sauter de joie, mec. Dès que ma femme a un petit rhume je dois me plier en quatre pour elle.
Taka ferma le capot de l’ordinateur et se dirigea vers la cuisine pour se servir du café.
- Au fait, Taka. Ton frère n’est pas rentré cette nuit. Je dois lancer l’avis de recherche ?
Taka leva les yeux et regarda l’heure. Il était 10h du matin. Le rendez-vous médical de Louna était dans 1h. Devait-il la laisser y aller toute seule ? S’il y allait, elle allait surement l’envoyer balader comme Laia l’avait fait avec Toru pour son rhume. Après tous les deux jeunes femmes étaient identiques en tout point…
- Taka ? cria Toru.
- Bordel ! Ça va pas de gueuler comme ça !
- Okay. Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda Toru subitement.
- Quoi ?
- Tu as mis une fille enceinte ?
- Quoi ?
- Ou tu t’es marié en douce comme Ryota ?
- Ni l’un ni l’autre, répondit Taka froidement. J’ai besoin de prendre l’air.
Taka attrapa ses clés de voiture et sortit de l’appartement.
- Tu vas chercher ta dose ? demanda Ryota qui avait suivi le jeune homme.
- J’ai l’air d’être un droguer ? S’énerva Taka en s’excitant sur le bouton de l’ascenseur.
- Tu es morose, dépressif, joyeux, irrité et agressif. Si tu te drogues, pas c’est quoi ?
- Je n’ai pas envie d’en parler.
- Si tu as un problème, mec. Tu peux nous le dire.
Taka fixa les chiffres qui défilaient sous ses yeux.
- Ce n’est pas une chanson dont je te parlais hier. C’est de Louna.
- Louna ?
- Il y a quelque jour, je l’ai rencontré à l’hôpital…
- Une personne qui n’a plus aucun espoir de vivre. Elle a un cancer ?
Taka regarda Ryota surpris que celui-ci comprenne aussi vite. Comment avait-il pu trouver cette conclusion avec si peu d’information ?
- Laia n’est pas au courant, je présume.
- Non. J’ai l’impression qu’elle ne le veut pas.
- Laia m’a dit qu’elle n’avait plus de famille. Ça risque d’être dur de suivre le traitement toute seule…
- C’est ce que je me disais.
- Tu n’es pas de sa famille, mec, dit subitement Ryota.
- Je sais.
- Alors enlève-toi ça de ta tête.
- Quoi ?
- Je te connais. Tu es un superman des temps modernes. Tu as tendance à tendre la main à tous ceux qui en ont besoin.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Tu es en train de te demander si tu ne devrais pas t’occuper d’elle.
Taka tourna la tête sous le regard intense de Ryota.
- Bordel ! J’ai raison ! Tu comptes t’occuper d’elle ?! Ce n’est pas qu’un simple rhume qu’elle a.
- Je ne suis pas idiot.
- Laisse-moi en douter. Voir quelqu’un mourir d’un cancer ce n’est pas de tout repos. Tu devrais le savoir mieux que quiconque.
- Je le sais. Je ne veux juste pas refaire la même erreur.
Ryota posa sa main sur l’épaule de son ami.
- Tu as trouvé quoi faire pour lui donner l’envie de se battre ?
Taka plongea la main dans la poche de son blouson, sortit un bout de papier chiffonné et le lui tendit.
- Bonne idée.
- Je l’ai amené à une fête foraine hier après-midi…
- Si tu as besoin de quoi que ce soit. N’hésite pas.
- En fait. J’ai un service à te demander.
- Louna. Votre petit ami vous attend dans le couloir, dit l’infirmière en lui enlevant la perfusion.
- Mon petit ami ?
Louna attrapa son sac après avoir enfilé son manteau et sortit.
- Takahiro ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
- Je suis venue te chercher.
Louna fit un pas à reculons sur ses gardes. C’était quoi ce sourire effrayant ? Que manigançait-il encore ?
- Je peux rentrer seule. Retourne bosser, dit Louna en se mettant à marcher.
- Je suis là pour le travail. J’ai besoin de tes services.
- Tu te trompes de personnes et d’endroit.
Taka cligna des yeux puis se mit à sourire en comprenant ce qu’elle voulait dire.
- Nous avons besoin d’un photographe pour nous prendre en photo pendant notre tournée. J’ai proposé ta candidature et elle a été retenue.
Louna s’arrêta de marcher brusquement.
- Je te fais pitié ?
- Oui.
Louna se retourna et se remit en marche.
- Tu as souris ! Je n’ai pas rêvé, n’est-ce pas ?
- Tu pourrais essayer de mentir, un peu.
-Pourquoi ?
- Quoi qu’il en soit. Va chercher un photographe ailleurs.
- Pourquoi ?
- J’ai l’impression de parler à la nièce de Laia, maugréa-t-elle. Tu connais un autre mot que Pourquoi ?
- Non.
Louna sortit de l’hôpital et s’apprêta à se diriger vers l’arrêt de bus lorsque Taka lui agrippa le bras pour la trainer vers sa voiture.
- Je ne suis pas d’humeur à aller m’amuser avec toi aujourd’hui.
- Qui a dit qu’on allait s’amuser ? J’ai besoin d’un avis de fille pour acheter des fringues.
- Tu demandes à la mauvaise personne.
Taka arriva dans le parking d’un immense bâtiment, donna ses clés au voiturier et attrapa la main de Louna avant de se diriger vers l’ascenseur.
- Où est-ce qu’on est ?
- Dans un centre commercial.
- Bienvenus, cher client, dit une réceptionniste à droite de l’ascenseur.
Louna cligna des yeux ébahit par l’immensité du bâtiment. Combien d’étage y avait-il ? Son regard se posa sur une rampe dorée. Était-ce du toc ? Qu’est-ce que c’était que ce centre commercial ?
- On devrait prendre un plan si on veut sortir d’ici un jour.
- T’inquiète. J’ai un très bon sens de l’orientation.
Taka lui attrapa le bras et se dirigea vers un magasin avec une devanture clignotante sur laquelle était inscrit « Un autre look ».
- Bienvenus. Puis-je vous aider ?
Louna sursauta et regarda la vendeuse qui venait de surgir de nulle part.
- Non.
Taka se dirigea au fond du magasin, attrapa plusieurs t-shirt, et se dirigea vers la cabine.
- Ramène-toi, dit-il en rentrant dans la cabine.
- Quoi ?
- Je t’ai amené pour avoir ton avis pas pour que tu te tournes les pouces.
Taka attrapa la main de Louna et l’entraina à l’intérieur de la cabine.
- Désirez-vous de l’aide, monsieur ? Demanda une vendeuse qui venait certainement de revenir de sa pause.
Taka plaqua Louna contre le mur pour l’empêcher de sortir et lui couvrit la bouche tout en lui faisant signe de se taire.
- Non, répondit-il.
- Si vous avez besoin de quoi que ce soit n’hésitez pas.
- Respire, lui murmura-t-il à l’oreille en enlevant la main de sa bouche. Je crois que je vais essayer celui en noir en premier.
- Essaie celui en blanc, dit Louna en s’éloignant du jeune homme.
- C’est parti pour celui en blanc.
Taka enleva son blouson en cuir et attrapa le t-shirt blanc.
- Tu peux fermer les yeux.
- Pourquoi ?
- J’ai peur que si tu me vois torse nue, tu me sautes dessus.
- Si tu avais peur que je te saute dessus, tu n’avais qu’à pas m’emmener dans la cabine.
- Et risquer le fait de ne pas te retrouver en sortant ? Je ne suis pas un idiot tu sais.
- Comme si j’allais m’enfuir. Mon sac est retenu en otage dans ta voiture, maugréa Louna.
- Retourne-toi alors.
Louna leva les yeux au ciel et s’exécuta.
- C’est bon ?
- Excusez-moi madame vous pouvez m’attraper un jean blanc, s’il vous plaît ? cria-t-il subitement.
- Je peux savoir ce que…
- Te retourne pas, je ne suis pas décent.
- Ne me dis pas que tu es à poil.
- Non.
La vendeuse revient quelques secondes plus tard.
- Tu…
- Chut !
- Tenez.
- Merci.
- si j’avais su que tu allais mettre 1h pour mettre un jean et un t-shirt j’aurais pris à manger, ronchonna la jeune femme.
- C’est bon !
Louna se retourna et retient sa respiration en voyant ce qu’elle avait devant les yeux. On aurait dit un mannequin tout droit sorti d’un magazine de mode.
- Je sais que je suis irrésistible mais retient toi. Nous sommes dans un lieu décent et ce serait mal venu de faire des cochonneries.
- Quoi ?
Takahiro sortit de la cabine et demanda à la vendeuse d’enlever l’étiquette des vêtements.
- Je prends le tout. Est-ce que vous pouvez me mettre mes affaires dans une poche, dit-il en tendant ses affaires à la caissière.
- Certainement, monsieur.
Taka attrapa la main de Louna et la sortit de la cabine d’essayage avant de se diriger vers la caisse.
- Cette tenue vous va à merveille, dit la caissière.
- Elle me va tellement bien, que ma copine en a perdu l’usage de la parole.
- Copine ?
- Vous devriez être contente d’avoir un petit ami aussi beau.
- Je suis tellement contente que je pourrai en mourir immédiatement..
Taka attrapa le sac et tira la jeune femme dehors.
- Tu aurais pu essayer de sourire et éviter ce genre de remarque morbide.
-Si tu voulais avoir une fille souriante et joviale, il fallait aller en pédiatrie pas en cancérologie.
- Ah ! C’est là.
Louna leva les yeux et regarda la vitrine du magasin. Celle-ci était décorée de mannequin portant des tenues de soirée. La jeune femme s’apprêta à faire demi-tour et s’éloigner le plus loin possible mais Taka l’en empêcha.
- Bonjour, dit-il en poussant Louna à l’intérieur.
- Bienvenus, cher client.
- Nous recherchons une robe.
- Vous avez trouvé l’endroit idéal. Si vous voulez bien me suivre.
Taka attrapa la main de Louna et suivit la vendeuse.
- Que pensez-vous de cette robe ?
La vendeuse sortit une longue robe blanche avec de longue manche en dentelle.
- Elle est moche.
- Et après s’est moi qui suis pas sortable…
- Vous avez une robe serré au niveau du buste et évasée à partir des hanches qui laisse entrevoir une partie du dos.
- Votre petit ami sait très bien ce qu’il vous faut, dit la vendeuse en sortant une longue robe rouge.
- Enfile là.
Taka poussa Louna dans la cabine d’essayage et lui tendit la robe à travers le rideau.
- Tu veux que je t’aide à l’enfiler ? Demanda-t-il en voyant que la jeune femme ne lui prenait pas la robe des mains.
Louna tira le rideau de l’autre côté et fusilla du regard le jeune homme :
- Je peux savoir à quoi tu joues ?
- Je t’habille. Si tu dois trainer avec moi cet après-midi, il est hors de question que tu te promènes avec ce genre de fringue.
- Qui a dit que j’avais envie de trainer avec toi ?
- Vous avez besoin d’aide ? demanda la vendeuse qui apparut derrière eux.
- Non, merci.
Taka poussa Louna à l’intérieur de la cabine et lui tendit la robe.
- Enfile ça.
- Non.
- Sois tu l’enfiles sans rechigner ou sois, je te la mets de force. À toi de voir.
- Tu crois pouvoir me l’enfiler de force avec tes bas en spaghettis ? Ricana Louna. Arrête de rêver.
- Tu veux parier, madame la cancéreuse ?
Louna déglutit en voyant une étincelle s’allumer dans ses yeux. C’était quoi ce brusque changement de comportement ? Était-il vraiment capable de lui arracher ses vêtements pour lui faire enfiler cette robe ? Elle se mordit la lèvre inférieure en pensant à l’éventualité d’une bagarre aussi sensuelle mais reprit vite ses esprits.
- Sors, dit-elle en lui arrachant la robe des mains.
- Pourquoi dois-je sortir alors que toi tu es restée dans la cabine ?
- Parce que tu m’as interdit de sortir. Sors.
Takahiro sortit et alla s’assoir sur le canapé.
- Désirez-vous quelque chose à boire ?
- Non, répondit-il sans quitter le rideau de la cabine d’essayage.
Laia sortit de la cabine quelques minutes plus tard.
- Votre petite amie est très jolie. Vous ne trouvez pas ? Demanda la vendeuse en remontant la fermeture de la robe.
- Très belle, répondit Taka en se levant du fauteuil pour examiner de plus près Louna. On prend celle-là.
- Quoi ?
- Vous avez fait le bon choix.
- Tu as fumé ? Tu as vu le prix ?
- C’est le prix à payer pour aller à une exposition d’œuvre d’art.
- Une quoi ?
- Pouvez-vous mettre ses affaires dans un sac, s’il vous plaît. Et apporter des chaussures adaptées. Taille 37.
- Bien sûr.
- Qu’est-ce que tu veux dire par une exposition d’œuvre d’art ? Et comment connais-tu ma pointure ?
- J’ai une très bonne mémoire visuelle et j’ai reçu deux invitations pour une exposition, dit Taka en lui prenant la main pour l’attirer vers la caisse.
- Voici la paire de chaussure.
Taka ouvrit la boite sortit des escarpins dorée et s’accroupit devant Louna.
- Donne ton pied droit.
Louna s’apprêta à l’envoyer balader mais celui-ci lui attrapa le mollet la faisant lever le pied.
- Cette paire vous va à merveille.
- Ça paye de faire des courbettes toute la journée ? Vous atteignez votre cota de vente facilement non ?
- Pardon ?
- Ne l’écoutez pas. Ma fiancée a tendance à être de mauvais poil quand elle a faim.
- Petite amie, fiancée. Bientôt il va balancer que je suis sa femme, maugréa Louna en mettant ses basket dans la poche que la vendeuse avait posé sur le comptoir.
- Passez une bonne fin de journée.
- Merci.
Taka qui tenait toujours la main de Louna sortit de la boutique et se dirigea devant un restaurant au troisième étage.
- Pour deux personnes ? demanda le serveur.
- Non pour trois. Il y a mon ami imaginaire qui se trouve sur ma droite.
- Pardon ?
- Pour deux personnes.
- Suivez-moi je vous prie, répondit le serveur en jetant un regard froid à Louna.
Il se dirigea au fond du restaurant et leur donna la carte une fois les deux jeunes gens assis.
- Je prendrais le menu.
- Et madame ? Demanda le serveur sans regarder la jeune femme.
- Rien.
- Elle prendra une salade printanière sans œuf dur, répondit Taka en rendant les cartes au serveur.
- Désirez-vous boire quelque chose ?
- Un double scotch, maugréa Louna.
- Elle plaisante. De l’eau suffira.
-Non seulement tu m’obliges à manger et en plus tu m’empêches de boire. On croirait Laia…
- Depuis quand tu n’as pas mangée ?
Louna leva les yeux, essayant de se souvenir quand elle avait fait un vrai repas. Ça remontait à tellement longtemps… Le serveur choisit ce moment pour apparaitre.
- Merci d’avoir attendu.
- Tu n’as pas du travail à faire ?
- On a bossé toute la nuit et toute la matinée. Laisse-moi un peu souffler, dit-il en plongeant sa fourchette dans les frites.
- Ça t’arrive de dormir ?
- Ça m’arrive. Et toi ?
Louna suspendit son geste. Depuis quand n’avait-elle pas dormi ?
- Laisse-moi deviner. Tu crois que si tu t’endors tu risques de ne plus te réveiller ?
Comment se faisait-il qu’il la connaisse aussi bien ? Elle retient sa respiration lorsque ses yeux rencontrèrent les siens.
- Mange.
- Takahiro !
Un homme de style européen, assez efféminé avec les cheveux longs posa sa main sur le bras de Takahiro et détailla Louna de la tête au pied.
- Cette demoiselle est vraiment délicieuse. Qui est-ce ?
- Louna.
- Une amie ou ta muse ?
- Les deux. Je suppose, dit-il en regardant fixement Louna.
- Me permettras-tu de l’utiliser ? Ça fait longtemps que je n’avais pas vu de personne aussi magnifique.
- Non. Cette muse est à moi, répondit-il en enlevant des mains le verre de champagne que Louna avait pris.
- J’aurais essayé. Je dois accueillir d’autres invités. Faites comme chez vous.
L’européen attrapa la main de Louna et lui déposa un baiser.
- J’ai été enchanté de faire votre connaissance.
- C’était qui ce type ?
- Adonlfo. Un célèbre peintre Italien. C’est de lui toutes ses peintures, répondit Taka en lui enlevant encore un verre de champagne des mains.
- Tu peux arrêter de faire ça. C’est vraiment énervant à force.
- J’ai déjà eu un aperçut de ton amie bourré la dernière fois à Osaka. Je préférerai que ma muse ne fasse pas de striptease dans ce genre d’endroit. J’aurais trop peur que tous les mecs ne te sautent dessus.
- Tu…
- Tu as déjà exposé tes photos dans une galerie ?
- Ça te prends souvent de changer de sujet ?
- Oui. Alors ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que ça m’intéresse pas de vendre des photos à des riches. Je préfère que toutes les classes sociales puissent les voir. Que ce soit de la personne sans emploie à la personne qui dirige une grande entreprise.
- Qui t’a donné envie d’être photographe ? Demanda Taka en s’arrêtant devant une œuvre en céramique.
- Ma grand-mère. Et toi ? Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de faire de la musique ?
- Je ne sais pas. Je me suis levé un matin en disant que je voulais être musicien.
- Qu’est-ce qui te plaît là-dedans ? Tu ne peux pas sortir avec quelqu’un librement, ni sortir sans avoir peur d’être reconnu et de faire la une dans les magazines. Tu passes aussi ton temps à bosser et à être jamais chez toi. Je ne comprends vraiment pas les gens qui souhaitent être célèbre.
- Voir le visage s’illuminer de mes fans je dirai. Les voir chanter nos chansons. Les voir pleurer et nous remercier d’exister. Je dirais que c’est ça qui me plaît.
-Ça s’appelle du narcissisme ça, dit Louna en passant à l’œuvre suivante.
- C’est ce qui fait partie de mon charme.
Louna fit un pas en arrière et perdit légèrement l’équilibre mais fut rattrapé de justesse par Takahiro.
La jeune femme déglutit en sentant sa respiration caresser sa peau. Que diable lui arrivait-elle ? Pourquoi est-ce qu’elle se trouvait toute étourdie à chaque fois qu’elle se trouvait à proximité de lui ?
- Ses talons sont vraiment dangereux, murmura-t-il en la tenant toujours dans ses bras.
- Très.
- Taka.
- Miyuki ? dit Takahiro en s’écartant brusquement de Louna.
Une jeune femme avec de longs cheveux brun bouclé vêtue d’une longue robe blanche se jeta au bras de Taka.
- Qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne répètes pas ?
- Non.
-Tu aurais dû dire que tu venais. On serait venus ensemble.
Pourquoi cette femme était-elle collée à Taka ? Sortaient-ils ensemble ? Elle eut sa réponse lorsque la dénommé Miyuki attrapa la main de Taka.
- Qui êtes-vous ?
Louna détacha son regard de leur main entrelacé. Était-elle en train de lui poser la question ? Elle regarda par-dessus son épaule et s’aperçut qu’il y avait personne d’autre aux alentours à part elle et l’œuvre d’art sur sa gauche.
- Se pourrait-il ce se soit une nouvelle amie ? Ou une maitresse ? Ça expliquerait que tu l’aies tenu dans tes bras.
- Elle a failli tomber.
- Ne vous méprenez pas mademoiselle. Nous ne sommes ni l’un ni l’autre, dit Louna en affichant un de ses plus beaux sourires. J’ai trébuché en marchant sur ma robe. Merci de m’avoir évité la honte devant tout ce monde.
Louna s’inclina, tourna le dos et se mit à marcher vers une œuvre un peu plus loin. C’était quoi ce virement de situation ? Il y a quelque minutes avant il était prêt à l’embrasser et là… Comment pouvait-il avoir une petite amie alors qu’il faisait que lui tourner autour. Était-ce vraiment de la pitié qu’il éprouvait envers elle ? C’était donc pour cette raison qu’il lui courrait après ? Elle qui pensait que c’était parce qu’il éprouvait des sentiments pour elle… Elle repensa à la fête foraine, aux dinés qu’ils avaient passés ensemble. À la journée shopping et aussi lorsqu’il l’attendait devant la salle de chimiothérapie.
- Désirez-vous un verre mademoiselle ? demanda un serveur en lui tendant un plateau rempli de verre de champagne.
- Avec joie.
Louna attrapa un verre et le vida d’une traite avant de le reposer et d’en prendre un autre.
- Baratineur, maugréa-t-elle en reposant son verre vide sur le plateau d’un serveur qui passait près d’elle.
- Bonsoir, dit un homme d’une vingtaine d’année. Je suis désolé de vous importuner mais je n’ai pas pu détacher mon regard devant ce que j’avais sous les yeux. Vous a-t-on déjà dit que vous étiez magnifique ?
Louna détacha son regard de l’œuvre et regarda l’inconnu.
- Que diriez-vous d’aller boire un verre quelque part ? demanda-t-il.
- Très bonne idée.
Louna s’accrocha au bras de l’inconnu enleva un escarpin puis l’autre avant de lui donner les deux.
- Ne bougez pas, je vais chercher mon manteau, dit-elle en s’éloignant.
Elle se dirigea vers la porte sous le regard incompréhensif de l’inconnu. Lorsque ses pieds se posèrent sur le trottoir gelé elle marqua un cran d’arrêt se demandant si elle ne devait pas revenir en arrière pour récupérer ses chaussures mais préféra l’option « je préfère mourir gelé plutôt que de revenir à l’intérieur ».
Elle tourna la tête à la recherche d’un taxi mais se souvient que son sac se trouvait dans la voiture de Takahiro. Si elle avait su que la soirée se terminerait ainsi elle n’aurait pas laissé ce baratineur l’embarquer. À combien de kilomètre était-elle de chez elle ? Et par-dessus tout dans quel endroit de Tokyo se trouvait-elle ? Elle tourna à droite et se mit à marcher sous le froid hivernale.
- Louna ! Cria Takahiro dans son dos. Je peux savoir ce que tu fais ?
- Ce n’est pas plutôt à moi de te retourner la question ?
- Je te ramène chez toi, dit-il en enlevant son blouson en cuir pour le poser sur ses épaules.
- Je me suis débrouillée 24 ans toute seule. Beaucoup de personne ont voulu m’aider tout en me regardant avec leur air de pitié. Mais pas une seule fois je me suis sentie misérable devant leur regard… sauf ce soir. Félicitation Takahiro Marita. Tu as réussi à détruire le peu de dignité qui me restait.
Takahiro regarda la jeune femme s’éloigner. Que devait-il faire ? S’il la suivait maintenant il risquait d’empirer les choses et puis qu’est-ce qu’il pourrait dire ? Même lui ne savait pas ce qu’il était en train de faire. Il s’était laissé entrainer dans un cercle vicieux. Il pensait que s’il l’aidait, s’il restait avec elle tout au long de son combat alors il s’allègerait d’un poids qui le poursuivait depuis la mort de son amie d’enfance. Mais maintenant, il se rendait compte que tout avait changé. Il ne voulait pas tuer ses remords, il en voulait plus. Était-ce trop cupide de sa part ? Il attrapa son portable et envoya un sms à Ryota.
- Taka ! Cria Miyuki en s’accrochant à un bras. Qu’est-ce que tu fais dehors ?
- Qu’est-ce que tu fais ici ?
- Je suis venue te chercher.
- Qu’est-ce que tu es venue faire à cette exposition ? Tu détestes ce genre de chose.
- Je passais juste dans le coin alors je me suis arrêtée pour saluer Alfonso.
- Trouve autre chose. Même si on te menaçait de t’arracher un bras, tu ne viendrais jamais te mélanger à des personnes qui ont un statut au-dessous du tient.
- Décidément, tu me connais trop bien.
- Comment as-tu su que j’étais ici ?
- Aurais-tu oublié à qui appartient ce centre commercial ? Tu aurais pu choisir une autre personne pour me tromper tout de même. Je croyais que tu savais plus que quiconque qu’un vilain petit canard ne pouvait pas être changé en cygne. Même avec les plus beaux vêtements de la terre… Où tu vas ?
Taka se dirigea vers sa voiture avec sur les talons Miyuki.
- Ne me dis pas que tu es en colère contre moi ? demanda Miyuki en s’engouffrant dans la voiture.
Taka démarra la voiture sous le monologue incessant de la jeune femme. Depuis quand parlait-elle autant ? C’était-il trop habitué du silence de Louna ? Il roula pendant 10 minutes et s’arrêta devant le bar qu’il avait l’habitude de fréquenter.
- Comment peux-tu être en colère contre moi alors que c’est toi qui es en train de flirter avec cette fille ?
- Oh Taka. Tu nous as amené ta petite amie ce soir ? Ça fait longtemps qu’on ne vous avait pas vu mademoiselle.
- Bonsoir.
Taka leva les yeux au ciel en voyant le brusque changement de personnalité. Elle qui deux secondes plus tôt était en train de gueuler comme un putois...
- Comme d’habitude, Sam, dit Taka en s’installant au bar.
- Taka, allons-nous installer à une table. On doit parler.
- Je ne suis pas d’humeur à parler ce soir.
Takahiro leva les yeux et fixa le miroir devant lui tout en repensant à ce que Louna lui avait dit avant de partir. Il avala le verre de scotch d’une traite et en demanda un autre. Était-elle bien rentrée chez elle ? Il attrapa son téléphone portable mais le rangea dans la poche arrière de son jean.
- Et moi je suis d’humeur pour parler. Tu lui achètes une robe, des chaussures. Tu dis aux vendeuses que c’est ta fiancée. Tu lui cours après tout à l’heure et lui donne ton manteau… Qui est cette fille à la fin ?
Qui était cette fille pour lui ? Il repensa aux visages tristes de la jeune femme lorsqu’il l’avait rattrapé dehors. Pourquoi était-il aussi énervé et frustré ? Il but cul sec le second verre de scotch et le posa sur le comptoir avant de se lever.
- Lève-toi. Je te ramène chez toi.
- Je n’ai pas envie de rentrer chez moi ce soir, dit Miyuki en se frottant contre Taka.
- Salut Takayagi, dit Louna en s’asseyant au bar.
- Oh Louna. Tu es resplendissante, dit le barman en lui tendant un verre. Tu sors d’un rendez-vous ?
- Non.
- Vous pouvez augmenter le son de la télé, s’il vous plaît ? Demanda une cliente qui se trouvait au fond de la pièce.
- À chaque fois c’est la même rengaine. Dès que ce groupe passe à la télé, j’ai une cliente qui me demande de monter le son… rouspéta le barman en attrapant la télécommande.
Louna leva les yeux et avala de travers en voyant le visage de Takahiro apparaitre sur l’écran de télévision. C’était bien sa veine. Après l’originale c’était maintenant la télé qui la poursuivait. Sur tous les musiciens qu’il y avait il fallait qu’ils passent ce groupe à la télé. Louna détourna son regard lorsque le caméraman fit un gros plan sur Takahiro.
- Une bière, dit une voix masculine en s’asseyant à côté de Louna.
- Vous êtes déjà venu ? Demanda le barman. Votre tête me dit quelque chose.
- Takayagi. Un autre, s’il te plaît.
Le barman s’apprêta à lui prendre le verre mais l’inconnu assis à côté de Louna, le lui pris des mains avant.
- Je crois que tu as assez bu pour ce soir.
- De quoi est-ce que…
Louna suspendit sa phrase en découvrant qui se trouvait à côté d’elle.
- Où est Laia ? Demanda-t-elle en regardant par-dessus l’épaule du jeune homme.
- Elle dort. Elle a attrapé un méchant rhume.
- Je me demande comment elle prendrait les choses si elle apprenait que son copain parcourt les bars pendant qu’elle est alitée…
Louna se pencha sur le bar et attrapa une bouteille de Whisky pour se servir un verre.
- Je me demande aussi comment elle prendrait les choses si elle découvrait dans quel état est sa meilleure amie.
Louna posa la bouteille sur le comptoir sans la moindre délicatesse et fusilla du regard le jeune homme.
- C’est cet enfoiré qui te l’a dit ?
- Ryota. Il m’a appelé après avoir reçu un message alarmant de Taka.
- Tu peux lui envoyer un sms pour lui dire alors que la fille cancéreuse va très bien et qu’elle n’a pas besoin de sa pitié.
Louna déposa les billets sur le bar et sortit avec sur les talons Toru.
- La fille cancéreuse ?
Toru agrippa le bras de Louna l’obligeant à s’arrêter.
- Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
- Ça veut dire que je vais mourir. Voilà ce que ça veut dire.
Louna s’apprêta à se mettre en route mais revient sur ses pas, enleva le blouson que Taka lui avait mis sur les épaules avant qu’elle ne parte de l’exposition et le tendit à Toru.
- Dis-lui que je lui rembourserai l’argent qui se trouvait dans ses poches.
Louna se retourna pour se mettre en marche mais s’arrêta net en voyant qui se trouvait devant elle.
- Louna…
La jeune femme reprit ses esprits et se remit à marcher. Elle passa à côté de lui et rassembla toutes ses forces pour s’empêcher de le regarder. Comment est-ce qu’une personne comme ça pouvait exister ? On aurait dit un prince charmant sans son cheval blanc. La lumière des réverbères se reflétait sur ses habits le rendant encore plus charismatique qu’il ne l’était déjà.
- Taka, je peux savoir…
Louna se sentit soulever du sol et se retrouva dans les bras du jeune homme.
- Repose-moi à terre.
- Merci Toru. Mais je m’occupe d’elle.
- Repose-moi à terre !
Taka se mit à marcher sans se préoccuper du regard furieux de Louna.
- Combien de verre tu as bu en plus des deux coupes de champagne ? Demanda-t-il en tournant à l’angle de la rue.
- Qu’est-ce que ça peut te faire.
- Tu ne devrais pas boire. Même si tu es frustrée et énervée.
- Qui a dit que j’étais énervée et frustrée.
- C’était quoi alors la scène que tu m’as fait tout à l’heure ? demanda-t-il en s’arrêtant devant le passage piéton.
- Repose-moi par terre.
- Non. Tu as suffisamment les pieds en sangs comme ça.
- En quoi ça te concerne ?
- Ça me concerne parce que j’ai décidé que ça me concernait.
- C’est quoi cette réponse stupide, marmonna Louna.
Taka entra dans l’immeuble, monta les marches entra dans l’appartement avec toujours dans ses bras la jeune femme et se dirigea dans la salle de bain où il fit couler de l’eau. Il ouvrit les placards de la salle de bain et sortit une trousse à pharmacie.
- Aïe.
- Même si tu es impulsive, tu devrais apprendre à te contrôler. Tu as quel âge pour donner tes chaussures et marcher pied nue en plein hiver ? Tu t’es pris pour cendrillon ?
- Tu ne peux pas être plus doux sérieux !
- Il y a marqué infirmier sur mon front ? Tais-toi et supporte-le !
Takahiro attrapa l’antiseptique et mis des pansements un peu partout sous ses pieds. Une fois terminée, il rangea la trousse à pharmacie.
- Si je passe tout mon temps avec toi ce n’est pas parce que j’ai pitié de toi mais parce que je t’aime bien, dit Taka au pas de la porte. Beaucoup Même.
Laia resta assise fixer la porte de la salle de bain pour essayer de décrypter ce qu’il venait de dire. Pourquoi ce type était aussi compliqué à comprendre ? C’était bien la première fois qu’elle rencontrait un garçon dans son genre. Que voulait-il dire par là ? Elle enleva sa robe et se dirigea sous la douche. Une fois la douche finit elle enfila un débardeur et un short avant de se diriger dans sa chambre. Elle s’apprêta à éteindre la lumière lorsque ses yeux se posèrent sur le carnet noir. Elle l’ouvrit et regarda ce que le jeune homme avait inscrit. Elle attrapa un stylo et inscrivit une croix en rouge au dixième point :
- Essayez de rire une fois par jour. †
- Dire et faire ce que je pense.
- Apprendre le Tango.
- Embrasser quelqu’un sous la neige
- Faire du camping et chanter autour d'un feu de camp.
- Prendre un bain de minuit
- Apprendre à jouer d’un instrument
- Rencontrer Lee Dong Wook
- Voyager dans tout le Japon
- Être Julia Robert dans Pretty Woman †
- Tomber amoureuse
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