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Premier et dernier amour - Toru : chapitre 02
Chapitre 2
- Oui, patron ?
- Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans : Je veux ta chronique demain à la première heure ?
Laia posa sa main sur le combiné et maugréa des injures. Voilà donc ce qu’elle avait oublié de faire !
- Je vous l’ai envoyé dans la nuit, patron. Se pourrait-il que vous ne l’ayez pas reçut ? dit-elle en allumant son ordinateur.
- Ne me prends pas pour un bleu, Nishi !
- Comment osez-vous douter de mon professionnalisme, patron ? Je suis vexée.
- Professionnalisme mes fesses. Envoie-moi ta chronique avant le bouclage du magazine !
- Oh ? Il m’a raccroché au nez ce vilain garnement… Salut, rayon de soleil, dit Laia en voyant sa colocataire apparaitre à moitié endormi sur le pas de la porte de sa chambre.
- Tu te fais encore sermonner par ton patron ?
- Je me fais pas sermonner. Il me dit juste à quel point il m’aime.
- Mais bien sûr… T’as acheté le café ? Je suppose que non vu la tête que tu me fais, soupira Louna en attrapant du jus d’orange.
- Le café est mauvais pour les neurones. Ça été prouvé statistiquement que les personnes qui boivent beaucoup de café ont trois fois plus de chance d’attraper une maladie neurodégénérative.
- Où est-ce que t’es allée pécher une ânerie de ce genre ?
- Le merveilleux système du corps humain sur AsahiTV.
- Ne me dis pas que tu es restée devant la télé toute la nuit.
- Je suis sortie boire un verre.
- Avec qui ?
- Faut-il forcément être accompagné pour se mettre une murge ?
- Je ne te comprendrai décidément jamais.
- Je suis un cas à part que veux-tu, dit-elle en prenant son ordinateur.
- Où tu vas ?
- Je sors chercher l’inspiration pour écrire ma chronique.
- Tu n’as pas fini de l’écrire ? Demanda Louna surprise.
- Je n’arrive pas à écrire lorsqu’on m’impose un thème. On est en dans un pays libre pardi !
- En voyant ta tête on dirait qu’ils t’ont imposé une chronique sur l’amour avec un grand A… Attends. J’ai raison ? Demanda Louna avant d’exploser de rire. Excellent.
- Puis-je savoir ce qu’il y a d’hilarant là-dedans ?
- Tu t’es promis de tout faire pour éradiquer ce mot de ton vocabulaire et au final tu dois faire une chronique. Si ce n’est pas hilarant qu’est-ce que c’est ? Demanda-t-elle en essayant de contrôler son fou rire.
- T’as raison. Je suis sûr que ce vieux grincheux m’a filé ce thème parce que je ne rends jamais mon travail à l’heure.
Laia s’approcha de sa colocataire qui était en train de boire son jus d’orange et se dandina sur un pied tout en affichant un large sourire.
- T’es vraiment flippante, tu sais ?
- Tu ne veux pas m’aider.
- Pas question. Je suis photographe pas chroniqueuse.
- Elle a raison. Je devrais poser la question à quelqu’un qui s’y connait en amour et pas à quelqu’un qui a fait une croix dessus…
- Je te rappelle que je suis encore là, Laia.
- Je devrais aller demander à la grand-mère du rez de chaussée. Elle a eu plus d’aventure que nous deux réunis. À ce soir, rayon de soleil.
- Salut mémé !
- Rentre chez-toi morveuse avant de recevoir des coups de cannes.
- C’est comme ça que vous receviez les gens qui venaient vous rendre visite à votre époque ?
- Je recevais les gens de ton espèce de la même façon que je te reçois, déguerpi.
- Je savais que vous seriez d’une humeur exécrable, c’est pour ça que je vous ai acheté des laxatifs. Tadam ! Dit Laia en sortant la boite de médicament hors de la poche.
- Tes parents doivent vraiment souffrir d’avoir une fille aussi mal élevé.
- Voyons, mémé. Une fille mal élevé n’achèterait pas une boite de laxatif à sa voisine.
- Dis ce que tu as à dire et va-t-en !
- Combien d’aventure vous avez eu dans votre vie ?
Laia retira sa main à temps avant que la porte ne se referme sur ses doigts.
- Grand-mère ? Grand-mère ! La porte s’est fermée ! Dit-elle en tambourinant dessus.
- File ! Suppôt de Satan.
- Je veux juste un chiffre.
- Que diable manigances-tu ? Demanda la vieille dame en ouvrant de nouveau la porte.
- Je dois écrire une chronique sur l’amour avec un grand A.
Laia fit un pas à reculons lorsque la porte se referma de nouveau sur elle.
- Je ne plaisante pas mémé.
- Comme si une fille comme toi pouvait s’intéresser à ce genre de chose. Rentre chez toi ou va travailler ! Ça changera un peu !
- C’est pour ça que je viens vous voir, maître. Enseignez-moi votre connaissance.
La porte s’ouvrit de nouveau.
- Enlève tes chaussures avant d’entrer.
Laia s’exécuta, se dirigea dans le salon puis s’avachit sur le canapé
- Tes parents ne t’ont pas appris à te comporter en lady ? Tiens-toi droite ! rouspéta la vieille dame en posant des biscuits sur la table.
- Merci.
- Qu’est-ce que tu veux savoir.
- Vous aviez quel âge quand vous êtes tombée amoureuse pour la première fois ?
- 14 ans, c’était le fils du boucher Hiroki Tamaya. Il était plus âgé que moi et était attiré par les filles plus âgées que lui.
- Des filles avec de plus gros néné que vous en gros…
- Je ne pouvais lui en vouloir de préférer ce genre de fille. Après tout, les garçons de mon époque croquaient la vie à pleine dent avant de partir à la guerre. J’aurais été triste pour lui s’il était mort s’en avoir vécu.
- Il est rentré de la guerre vivant ?
- Oui il est rentré.
- Vous lui avez avoué vos sentiments ?
- Oh non, ce genre de chose ne se disait pas à l’époque.
- Il n’a jamais su alors ce que vous éprouvez ?
- Les gestes et les regards dépassent largement les mots, dit la vieille dame en montrant une photo en noir et blanc d’un couple de jeune marié en tenu traditionnelle.
- Mon premier amour et dernier amour…
- Vous voulez dire que vous n’avez connu que ce type ?
- Pourquoi es-tu aussi surprise gamine ?
- Vous me décevez, mémé. Je croyais que vous aviez eu des tas d’aventure et au final vous avez connu qu’un seul type.
- Je n’aurais jamais dû te répondre. Rentre chez toi maintenant que tu as ta réponse. J’ai autre chose à faire qu’éduquer une morveuse dans ton genre.
Laia afficha un large sourire et se dirigea vers la porte avant de crier :
- N’oubliez pas de prendre vos laxatifs, grand-mère. Ça fait longtemps que vous n’êtes pas allée la selle.
- Petite morveuse, dit la vieille dame en lançant sa chaussure qui atterrit contre la porte
Laia se gratta la tête et repensa à ce que la vieille dame lui avait dit. Est-ce que le grand amour existait bel et bien ? Où était-ce juste un mot inventé par des personnes pour se sentir en paix ?
- Mon premier et dernier amour, répéta-t-elle. Qui aurait cru que cette vieille femme était aussi fleur bleu…
- Salut, rayon de soleil.
- Qu’est-ce que tu fais ici ?
- Tu me manquais, répondit-elle avec un large sourire.
- Comment tu m’as trouvé ?
- J’ai installé un traceur sur ton téléphone.
Louna attrapa son téléphone portable et s’apprêta à le jeter dans le lac mais Laia l’en empêcha.
- Je déconne ! Je me rendais à la bibliothèque quand je t’ai vu.
- Pourquoi tu allais à la bibliothèque ?
- Pour faire des recherches, répondit Laia en s’asseyant sur le banc à côté de son amie.
- Tu n’as toujours pas trouvé l’inspiration ?
- Tu crois que les premiers amours sont faits pour durer éternellement ? Je veux dire… tu crois que lorsqu’on tombe amoureux pour la première fois on finit forcément avec lui ?
- Mon premier amour m’a pris ma virginité et ensuite largué comme une merde avant de sortir avec toutes les filles qu’il croisait. Est-ce que ça répond à ta question ?
- Pas étonnant que tu t’amuses avec les gars maintenant…
-Je crois que les premiers amours sont faits pour être terrassés et être mis aux oubliettes. Tout comme l’amour avec un grand A.
- Et après on dit que c’est moi la plus effrayante !
- L’hôpital qui se plaint de la charité…
- Mon premier et dernier amour… La vieille dame m’a sorti ça tout à l’heure. Son mari a été le seul et unique amour de sa vie.
- Il a été le seul et unique parce qu’à son époque, ils ne pouvaient pas voir ailleurs…
- Il y a beaucoup de second mariage chez les seniors de nos jours.
- C’est parce qu’ils ne veulent pas mourir seul, rien de plus rien de moins. Il faut que je passe au bureau. Tu veux que je transmette un message au boss de ta part ?
- Va te faire voir.
- Je ne manquerai pas de lui dire. Amuse-toi bien avec ta chronique
Laia s’ébouriffa les cheveux avant de s’allonger sur le banc.
- Pourquoi est-ce si difficile à écrire sur un sujet aussi débile ! dit la jeune femme en se redressant. Je dois juste m’y mettre et me lancer !
Laia attrapa son ordinateur et commença à écrire :
Mon premier amour est l’amour de ma vie…
Plus les années passent et plus on se rend compte que l’amour d’avant n’est plus celui de maintenant. Nos ancêtres n’avaient pas besoin de crier haut et fort le mot fatidique tant redouté par des millions de célibataire endurcie. Non, ils avaient juste besoin de regarder l’être aimé en face et le tour était joué. Un bisou, une bague au doigt et bienvenu à la nuit de noce…
J’ai écouté beaucoup de récit relaté par plusieurs personnes pour écrire cette chronique. Et je dois avouer que ce n’était pas une chose aisée car lorsque je répondais à une question, une autre question surgissait à mon esprit. Surtout une en priorité dont je n’ai pu trouver encore la réponse :
- Est-ce qu’un premier amour peut durer toujours ?
Lorsqu’une vieille dame ma relaté son récit elle l’a terminé en déclarant « C’était mon premier et dernier amour ». Faut-il continuer à aimer lorsqu’on a perdu son premier amour ou doit-on se faire enterrer avec lui sans connaitre une nouvelle fois le bonheur ?
- Quelle plaie, soupira Laia en posant son ordinateur sur le banc.
La jeune femme s’approcha du lac et plongea son regard dans l’eau tout en continuant à se questionner.
- Mon premier et dernier amour… murmura-t-elle.
Laia retourna vers le banc et commença à paniquer en voyant sur l’écran de l’ordinateur : « Fichier envoyé »
- C’est quoi ce délire ? dit-elle en s’excitant sur les touches. Je n’avais pas fini d’écrire abrutis !
Elle regarda les messages envoyés et se figea sur le nom de l’objet du dernier message « Mon premier amour ». Laia referma subitement l’ordinateur et porta sa main à son coeur qui s’était mis à battre la chamade en repensant à un évènement de son passé, soit le jour où elle avait commencé à découvrir ce qu’était l’amour.
~15 ans plus tôt~
- J’ai fini de composer la chanson, dit Toru en enjambant la fenêtre de la chambre de Laia.
- Tu as fini tes devoirs ?
-Ouais. Dit-il en sortant sa guitare de son étui.
-Sérieux ?
- Tu crois vraiment tout ce que je te dis…. Pourquoi m’emmerderais-je avec des cours qui me serviront pas dans la vie.
- T’as vraiment de la chance de vouloir être musicien plus tard, soupira Laia.
Toru attrapa le cahier de maths de Laia et le balança à travers la fenêtre.
- Toru !
- Il faut que tu apprennes à vivre un peu Nishi, aussi non tu vas finir vieille fille avant l’heure.
- Très bien. Vas-y. Balance ta chanson, je t’écoute !
Toru s’assit sur le bord du lit et fit parcourir ses doigts sur les cordes de la guitare. Une mélodie harmonieuse et douce s’envola dans la pièce et vient répercuter de plein fouet Laia. Que lui arrivait-il ? Elle reçut le coup de grâce lorsque le jeune homme se mit à chanter subitement. Était-ce son cœur qui battait la chamade comme ça ? Où était-ce son frère qui jouait de la batterie ?
- Alors ? Tu en penses quoi ? Demanda-t-il une fois la chanson terminé. Tu n’aimes pas ou quoi ?
Laia se leva brusquement, se gratta la nuque à la recherche d’une excuse pour sortir et vite de la pièce :
- Il faut que j’aille aux toilettes. Dit-elle avant de s’enfuir hors de sa chambre.
- Tu pourrais répondre à ma question, Nishi ! Cria Toru. Tu aimes ou pas ?!
- J’aime, murmura-t-elle paniqué.
Tags : One ok rock, musique, Toru, fanfiction, amour
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Commentaires
Un autre chapitre très plaisant à lire :) Une pointe d'humour, de réflexion, et la cerise sur la gâteau, encore un flashback :3
Ravis que ça te plaît ^^
J'ai cherché pendant longtemps pour savoir comment raconter le passé de Laia sans rentrer dans les détails et écrire des romans dessus. Je dois dire que je suis fier de moi sur ce coup lol.