•  Chapitre 5

     

    - C’est donc à ça que ressemble Osaka ?

    - Tu t’attendais à quoi ? Une banderole avec marqué en gros « Bienvenu à vous les touristes. Venez dépenser tout votre fric dans notre jolie petite ville » ? Où tu vas ? L’hôtel est là.

    - Je dois rencontrer un célèbre potier

    - T’es sérieuse ? Tu viens à Osaka pour rencontrer un vieux qui fait de la poterie ?

    - Il n’y a pas que la poterie. Je dois rencontrer un professeur qui enseigne l’art du thé, l’art traditionnel et aussi un professeur qui initie l’ikebana.

    - L’ikebana ? Pourquoi diable veux-tu rencontrer un type qui fait de l’art floral ?

    - Va demander ça au boss, soupira Louna. Il m’a filé cette foutu liste avant de partir.

    - C’est pour ça que je t’ai dit de ne pas passer au bureau !

    - Il l’a envoyé sur mon portable…

    - Je sens qu’on va s’éclater, ronchonna Laia en trainant des pieds.

    - Tu as cas rentré à l’hôtel. Je t’appelle quand j’ai fini.

    - Tu vas réussir à te repérer ?

    - Il y a une super application sur ton téléphone qui s’appelle un GPS tu devrais essayer, dit Louna en montrant son tel.

    - Si tu as un problème appelle moi, cria Laia pour se faire entendre. Et ne parle pas aux inconnus !

    Laia entra dans le bâtiment et se dirigea vers l’hôtesse d’accueil.

    - Bienvenue, madame.

    - Bonjour, j’ai une réservation au nom de Nishi et Kabana.

    - Un instant je vous prie. Voici la clé de votre chambre ainsi le plan détaillé de l’hôtel et de la ville.

    - Merci.

    - Si vous désirez quelque chose surtout n’hésitez pas à nous le faire savoir.

    - Vous pouvez répondre à une centaine de personne à ma place ?

    - Pardon ?

    - J’aurais au moins essayé… Bonne journée, dit Laia en affichant un large sourire.

    Laia s’apprêta à se diriger vers l’ascenseur mais quelque chose capta son attention. C’était le magnifique piano qui se trouvait devant le bar de l’hôtel.

    - Je n’ai rien de mieux à faire de toute façon…

    Elle posa son sac à terre et s’installa derrière le piano. Elle posa ses doigts et frôla les touches une à une. Depuis quand n’avait-elle pas joué ? Elle appuya sur une touche puis une autre et sans s’en apercevoir elle se mit à jouer le morceau qu’elle n’avait pas joué depuis des années.

    - C’est vraiment impressionnant.

    Laia leva les yeux et dévisagea l’homme qui venait de lui adresser la parole. Il était assez grand, les cheveux courts, la peau mate et un sourire à faire tomber les filles comme des mouches.

    - Tu es musicienne professionnelle ?

    - Non.

    Laia ramassa son sac et s’éloigna le plus loin possible de ce type. S’il y avait bien une leçon qu’elle avait tiré de la vie c’était de ne pas approcher ce genre de Casanova. Car ils veulent qu’une seule et unique chose. C’est de mettre le nom de sa proie sur leur jolie liste plastifié.

    - Je m’appelle Takumi, dit le jeune homme en la suivant. En général quand une personne se présente, tu es censé te présenter à ton tour.

    Laia se retourna brusquement percutant de plein fouet le torse du jeune homme. Combien diable mesurait ce type ? Se demanda-t-elle en se frottant le front.

    - Ça va ?

    - Pourquoi vous me suivez ?

    - Je veux juste savoir comment tu t’appelles. Est-ce un crime ?

    - Ça dépend dans quel sens vous le regardez, dit-elle en plissant les yeux.

    - Vous ? Tu peux me tutoyer après tout on doit avoir le même âge, non ? J’ai 30 ans et toi ?

    - 18. Dit-elle en rentrant dans l’ascenseur. Désolé monsieur, mais ma mère m’a interdit de parler à des inconnus.

    Les portes de l’ascenseur s’apprêtèrent à se refermer lorsque le jeune homme entra.

    - Je ne suis plus un inconnu vu qu’on s’est présenté. Enfin, je me suis présenté.

    - À moitié, vous voulez dire.

    - Je n’ai pas l’habitude de raconter ma vie à des jolies demoiselles qui refusent de me donner leur nom.

    - Jolie demoiselle ? Ouah. Je parie que vous le sortez à chaque fois que vous essayez d’attirer une fille dans vos filets.

    - Tu veux un scoop ? Tu es la première à qui je dis ça.

    - Je suis la première de la journée ou de la semaine ?

    Le jeune homme ne put s’empêcher de rigoler devant le répondant de Laia. C’était bien la première fois qu’une fille lui résistait ainsi…

    - La première de l’année.

    Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur le deuxième étage.

    - On dirait que tu es arrivée à ton étage, jolie demoiselle.

    - Il semblerait oui.

    - Tu as un très joli sourire, te l’a-t-on déjà dit.

    - On vous a déjà dit que vous êtes un beau parleur ?

    - Souvent.

    Laia sorti de l’ascenseur et regarda le jeune homme qui souriait à pleine dent.

    - Laia, dit-elle avant que les portes ne se referment.

    Qu’est-ce qui lui avait pris de donner son nom à un inconnu et à séducteur de midinette de surcroit ! Laia se dirigea vers le mur et se tapa la tête contre.

    - Espèce d’adolescente en chaleur, maugréa-t-elle.

    Elle s’éloigna du mur et se remis à marcher vers sa chambre en voyant un couple se diriger vers elle.

    - J’aurais dû aller avec Louna. Qu’est-ce qui m’a pris de flirter avec ce type ?!

    Laia inséra la carte dans la serrure et entra.

    - Jolie, dit-elle en sifflant

    À gauche de la porte se trouvait une immense salle de bain avec baignoire. La pièce principale quant à elle comportait deux immenses lits avec une commode sur lequel était posée une énorme télévision. Une banquette se trouvait devant une fenêtre qui donnait directement vers le parc de l’hôtel.

    - Je me suis vraiment plantée de vocation…

    Elle posa son ordinateur sur le lit et se dirigea vers la fenêtre.

    - Peut-on se remettre d’un chagrin d’amour ? dit-elle en touchant son collier.

    Elle attrapa son ordinateur et tapa le titre de sa prochaine chronique :

     

    Peux-ton se remettre d’un chagrin d’amour ?

     

    La première chose qu’on fait que se poser lorsqu’on tombe amoureux c’est :

    Est-ce que ça durera ? Et si ça ne dure pas, est-ce que je pourrais m’en remettre ?

    98 personnes sur 100 ont vécu à un moment donné cet instant tant redouté lorsqu’on sent le vent tourner. Celui où quand ça arrive, on finit par passer nos journées en pyjama à se goinfrer de crème glacé et à écouter des histoires d’amours tout en maudissant la personne qui nous a rejetées.

    Peux-ton se remettre d’un chagrin d’amour ? Bien sûr ! Mais le chemin sera semé d’embuche. Certains endroits vous rappelleront des souvenirs heureux. D’autres moins. Mais vous continuerez à avancer en redressant la tête et en marchant fièrement vers le futur.

    Le seul conseil que je peux vous donner c’est de ne pas vous détruire pour quelque chose qui n’en valait certainement pas la peine. Car si cette personne vous aimait alors elle ne vous aurait jamais laissé tomber.

     

    - Plus que ses foutus lettres et j’aurais terminé, dit Laia en jetant un regard noir à son sac dans lequel contenait une 20aine de lettres.

     La jeune femme posa son ordinateur sur la table basse et se dirigea vers le mini frigo de l’hôtel lorsque son téléphone sonna.

    - Je te manquai tellement que tu voulais entendre ma voix ?

    - Louna m’a envoyé un sms pour me dire que tu étais avec elle à Osaka. Est-ce que ça va ?

    - Ça baigne. Je me préparais à faire un strip pocker avec le papy de la chambre d’en face. Pourquoi ?  

    - Tu as vu quel jour on était ?

    - Oui j’ai vu quel jour on était, papa ours.

    - Tu comptes aller la voir ?

    - Tu crois que je n’ai pas eu ma dose en la voyant Dimanche ?

    - Je ne parlais pas de maman…

    - Désolée mais je dois y aller. Louna m’attend pour visiter le centre-ville. Passe une bonne journée papa ours.

    Laia raccrocha ne laissant pas le temps à son frère de parler.

    - Comme si je pouvais oublier le jour qu’on est, murmura Laia en s’allongeant dans le lit.

    - Je suis rentrée.

    - Je suis là.

    - Ça ne va pas ?

    - Il faut que j’aille quelque part.

    - Tu veux que je t’accompagne ?

    - Non, ça va aller.

    - Laia. Si tu te perds, ou si ça ne va pas…

    - J’utilise mon GPS je sais. À tout à l’heure.

     

    Laia donna la monnaie au taxi et descendit. Cet endroit n’avait pas changé d’un poil en 13 ans… Elle entra et se dirigea dans la troisième allée avant de s’arrêter devant la 5ième pierre tombale. Elle y déposa les fleurs de lys et caressa l’inscription qui était marqué dessus : « Yuki Sakuraiba 10 février 1988 – 04 février 2004 »

    - Désolé de venir aussi tard, murmura-t-elle. Pour être franc, j’ai bien failli ne pas venir. Louna m’a  demandé de venir avec elle prétextant d’avoir besoin d’un guide. Mais il s’avère que le client se promène sans son guide sans la moindre difficulté, dit-elle avec un rictus.

    Laia s’assit et appuya sa tête contre la stèle.

    - Je séjourne dans un hôtel trois étoiles. Tu devrais voir ça. Le personnel se prosterne presque à mes pieds lorsque je passe. Et il y a aussi de beau spécimen ! Des beaux gosses qui n’ont pas froid aux yeux et qui continuent à te poursuivre même quand tu les envoies balader. Tu aurais vraiment adoré de vivre à notre époque…

    Laia tourna la tête et regarda le portrait de sa meilleure amie qui était gravé dans le marbre.

    - Tu me manques tellement... 

    - C’est clair et net je préfère le climat de Tokyo.

    - Louna ? Demanda Laia surprise de voir son amie ici.

    - Quoi ? Tu croyais vraiment que j’allais te laisser seule après le coup que tu m’as fait dimanche ? Bordel que ça caille. Dit-elle en remontant la fermeture de son manteau.

    - On s’y fait vite.

    Laia se redressa et frotta son blouson pour faire tomber les feuilles mortes.

    - C’est donc ici qu’elle vit ?

    Louna s’avança devant la pierre tombale et déposa une fleur de lys.

    - Je l’ai piqué à une tombe à côté. Je suis sûr qu’elle ne verra pas d’objection.

    Laia regarda la première tombe qui était remplie de bouquet de fleur au point de ne pas voir les inscriptions de la stèle.

    - Salut Yuki. Moi c’est Louna. Je suis la colocataire et amie de ta fêlé de meilleure amie. Je ne sais pas comment tu faisais pour la supporter mais…

    - T’as fini oui, dit Laia en lui tapant le bras.

    - Te revoilà enfin… 

    - On ferait mieux d’aller avant qu’il ne fasse nuit.

    - Je t’attends devant l’entrée du cimetière.

    Laia regarda son amie piquer une fleur sur une pierre tombale remplie de bouquet et la déposer sur une tombe vide un peu plus loin.

    - Je crois qu’elle est plus cinglé que toi et moi réuni… Mais elle a remplacé le vide que tu as laissé. Au revoir, Yuki.

    Laia s’apprêta à partir lorsque quelque chose attira son attention. C’était un bracelet d’homme. Elle le ramassa et l’analysa de plus près. Qui avait bien pu…

    - Toru…

    Laia balaya le cimetière du regard mais ne vit personne à part l’homme d’entretien. Comment osait-il venir…

     

      ~13 ans plus tôt~

    - Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demanda Laia à la mère de Yuki qui attendait devant la salle opératoire.

    - Une voiture l'a percuté de plein fouet, sanglota la mère de Yuki.

    - C’est ma faute…

    Laia tourna la tête et aperçut Toru. Celui-ci était couvert de sang.

    - Quoi ?

    - Elle était tellement furieuse à cause de ce que je lui ai dit qu’elle n’a pas vu la voiture arriver…

    - Elle était avec toi ?

    Laia s’approcha de Toru et répéta d’une voix tremblante :

    -  Elle était avec toi ?

    - Oui.

    - C’est comme ça que tu protèges la personne avec qui tu sors ! cria-t-elle en le frappant au torse. Elle était avec toi et tu n’as même pas été capable de réagir ?! Tu…

    - Laia. Calme-toi ce n’est pas de ça faute. Dit Kurosaki en la prenant dans ses bras.

    Les portes du bloc opératoire s’ouvrirent laissant apparaitre un homme habillé en tenu opératoire.

    - Est-ce que tout va bien docteur ? Demanda La mère de Yuki.

    - Nous avons fait tout notre possible mais ses blessures étaient beaucoup trop importantes. Je suis désolé.

    Laia tourna la tête et aperçut le bras de sa meilleure amie tomber hors de la table d’opération avant que les portes ne se referment.

     


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  • Chapitre 4

     

    - Salut, pochtronne.

    -Moins fort, par pitié. Ma tête va exploser, maugréa-t-elle en s’asseyant sur une chaise.

    Louna attrapa un verre, le posa devant Laia et lui servit un grand verre d’eau.

    - L’aspirine est devant ton nez, dit Louna en s’essayant en face d’elle.

    - Pourquoi est-ce que j’ai un bandage ? Demanda Laia en levant sa main droite.

    - Comment le saurais-je. Tu es arrivée au bar de Takayagi complètement bourrée.

    Laia se gratta la tête essayant de se souvenir de journée mais rien ne lui revient à part le début du repas.

    - Je me suis bien éclatée ?

    - Pardon ?

    - Tu sais bien. Danser à poil sur un comptoir, embrasser des inconnus et embarquer un gars dans les toilettes pour m’envoyer en l’air…

    - Tu ne tenais pas assez longtemps debout pour faire ce genre de chose...

    - Sérieux ? Dit Laia avec une moue déçut.

    - Tu as en revanche beaucoup parlé.

    - Qu’est-ce que j’ai dit ?

    - Tu maudissais les hommes et m’a traité de nain.

    - C’est tout ce que j’ai dit ?

    Louna se leva et se dirigea dans l’évier pour laver son bol. Devait-elle dire qu’elle avait mentionné le nom de cette Yuki ? Elle côtoyait depuis longtemps Laia pour savoir qu’il y avait deux sujets tabous à ne pas aborder. Le premier était son amie d’enfance Yuki et le deuxième était cet enfoiré de musicien.

    - Tu m’as aussi promis de me masser les pieds ce soir.

    Laia attrapa un coussin et l’envoya au visage de Louna qui l’attrapa sans la moindre difficulté.

    -  Tu me prends pour ton esclave ou quoi ? Va te faire masser par un de tes amants !

    - En parlant d’amant, le boss a appelé ce matin. Il veut que tu passes au bureau.

    - Pourquoi ? J’ai envoyé sa chronique, qu’est-ce qu’il me veut ?

    - Va savoir.

    Louna se dirigea dans sa chambre et ressortit avec son manteau.

    - Au fait, j’ai trouvé ce que je voulais pour mon anniversaire.

    - Alléluia, un jour avant son anniversaire, elle me dit enfin ce qu’elle veut. Vas-y, je suis tout ouïe. Dit Laia en posant son verre d’eau.

    - Je veux que tu m’accompagnes pour mon travail mercredi à Osaka. Je dois photographier la ville et aussi les artistes présents au concert Rock Japan.

    - Trouve autre chose.

    - Non. Je dois prendre des photos de la ville et j’ai besoin d’un guide.

    - Tu te rends comptes que tu as réussi à mettre les deux mots que je ne supporte pas d’entendre dans une seule phrase ?

    - Tu me dois bien ça. À cause de toi, un de mes rencards est tombé à l’eau et en plus je me suis tuée le dos à te porter.

    - Okay, soupira Laia.

    - Cool. Tu n’as pas intérêt à revenir sur ta promesse.

    - Je dois cracher par terre pour prêter serment ?

    - J’y vais. À tout à l’heure.

     

    - Mais qui avons-nous là ? Son altesse royale daigne enfin se présenter au bureau après 4h de retard.

    - Voyons patron, combien de fois dois-je vous dire de me traiter comme votre égal.

    - J’ai l’air de plaisanter ?! Cria son patron subitement.

    - Vous ne devriez pas vous énerver comme ça, patron. C’est mauvais pour la santé.

    - Assis !

    Laia posa son sac au sol et s’affala sur le fauteuil.

    - Tu as autant de grâce qu'un rhinocéros à la poursuite d'un papillon, maugréa son patron.

    - Merci du compliment, dit-elle avec un large sourire.

    Son patron sortit une grosse boite en carton avec à l’intérieur une multitude de lettre de dessous le bureau et le posa devant Laia.

    - Si vous vouliez dévoiler vos sentiments à mon égard patron, il fallait juste m’envoyer un sms et pas écrire toutes ses lettres…

    - Pour une raison que j’ignore totalement, coupa son patron. Ta chronique sur les premiers amours ont eu un énorme succès et des centaines de lecteurs t’ont envoyé des lettres pour te poser des questions.

    Laia cligna des yeux surprise par ce qu’il venait de dire. Sa chronique avait eu du succès ?

    - La direction a décidé de te consacrer une page entière afin de répondre aux lecteurs.

    - Hein ? Quoi ?

    - Bien évidemment tu devras poursuivre tes chroniques à côté.

    - Je crois que j’ai mal entendu. J’ai cru que vous me disiez de répondre aux courriers de ses dégénérés.

    - Ses dégénérés comme tu dis sont ton gagne pain. J’ai oublié de te donner le prochain thème de ta chronique…

    Son patron attrapa un stylo, marqua sur un papier de bloc note et le colla sur la boite avant de se lever et ouvrir la porte.

    - Maintenant file. J’ai d’autres personnes à enguirlander.

    Laia sortit du journal encore sous le choc de ce qu’elle venait d’apprendre. Rêvait-elle où lui avait-il ordonné de répondre aux lettres des lecteurs ? Depuis quand y avait-il marqué psychologue sur son front ? Elle posa le carton sur le trottoir et attrapa une lettre.

    « Bonjour, Laia. Je m’appelle Shiro. Je t’écris pour te dire que j’ai adoré ta chronique sur le premier amour. J’ai par ailleurs une question à te poser en espérant que tu aies la réponse. Doit-on vraiment aimer son copain avant de se donne entièrement à lui ? »

    - Cette gamine… Petite effrontée ! Je devrais montrer cette lettre à Kurosaki, dit Laia en rangeant la lettre dans sa poche. Oh ! Mais que vois-je devant mes yeux meurtris ? Une beauté qui rayonne autant qu’un soleil.

    - C’est quoi ce carton ?

    - Des lettres de mes fans.

    - Tu as des fans. Toi ? Demanda-t-elle septique.

    - C’est à croire que tout peut arriver. Tu allais quelque part ?

    - Je dois faire des photos du nouveau parc qui vient d’ouvrir.

    - Je viens avec toi.

     

    Laia posa le carton au sol et s’assit sur le banc tandis que Louna prenait des photos de tout ce qui l’entourait.

    - Qu’est-ce qui t’a donné l’envie d’être photographe ?

    - Ma grand-mère. À chaque fois que j’allais chez elle. Elle me sortait toutes ses vieilles photos et me racontait le moment où la photo avait été prise. Voir son visage s’illuminer à chaque photo qu’elle regardait. C’était magique. Et toi ? Qui t’a donné l’envie d’écrire.

    - Toru, murmura-t-elle.

    - Tu as voulu être écrivain à cause de ce type ? Demanda surprise Louna.

    - Je me suis dit qu’en choisissant ce métier, il finirait par me lire et à continuer de vivre dans une torture perpétuelle, dit Laia avec un sourire sadique.

    - Tu crois qu’il lit ce que tu fais ?

    - Aucune chance. Il n’était pas le genre de lire ce genre de magazine et j’en suis sûr que ses goûts n’ont pas changés…

    Laia attrapa le post-it que son patron avait collé sur la boite et lu le thème qu’il lui avait imposé : « Peut-on se remettre d’un chagrin d’amour »

    Louna se retourna et ne put s’empêcher de rigoler devant la tête que faisais Laia

    - Qu’est-ce tu as ?

    - Le nouveau thème de ma chronique.

    - Peut-on se remettre d’un chagrin d’amour.

    - Il est dans sa période sentimentale où quoi ? Pourquoi fait-il que me filer ce genre de sujet, maugréa-t-elle.

    - C’est bientôt la saint valentin…

    Laia se leva et se posta devant Louna qui sursauta en voyant la tête de son amie devant son objectif.

    - Je travaille Laia.

    - Moi aussi. Même si ça ne se voit pas…

    - Qu’est-ce que tu veux ?

    - Tu as déjà subis un chagrin d’amour ? Tu t’en es remis ? Attends, je ne devrais pas interviewer une personne qui n’a pas de coeur…

    - Je te signale que je suis devant toi.

    - Et si je demandais à grand-mère ? Non. Elle n’a dû jamais avoir de chagrin d’amour vu qu’elle est sortie qu’avec qu’un seul type.

    - Quand tu auras fini ton monologue fais-moi signe.

    - Arf, je suis vraiment maudite.

    - Il te reste plus qu’à réfléchir par toi-même.

    - Réfléchir ? Comme si je pouvais traiter sur ce genre de sujet ! Je suis comme toi. Mon cœur s’est changé en pierre. Il a arrêté de battre depuis très longtemps. Je me demande même s’il a déjà marché correctement.

    - Où tu vas ?

    - Je vais me marrer un peu et me foutre de la gueule de ses crétins qui m’envoient des lettres, dit-elle en prenant le carton de lettre. À ce soir, rayon de soleil.

     

    - Mon dieu, Laia ! Qu’est-ce qui s’est passé ici ? Demanda Louna en enjambant toutes les lettres étalées au sol.

    - Un tremblement de terre…

    - Qu’est-ce que tu fais allonger par terre ?

    - Je contemplais les étoiles.

    Louna leva les yeux au plafond et secoua la tête.

    - Si tu veux contempler les étoiles tape toi la tête contre le mur, dit-elle en posant ses affaires sur le canapé. Tu les as toutes lus ? Demanda-t-elle en désignant les lettres aux sols.

    - Non, je me disais que c’était bien de les sortir de leur enveloppe et de les étaler au sol…

    Louna se baissa et attrapa une lettre.

    - Bonjour Laia. Je suis une de tes plus grands fans. J’adore ton franc parler et contrairement aux adultes, tu ne prends pas des pincettes. C’est pour ça en autre que je t’écris. Je voudrais avoir ton avis. Il y a un garçon sur qui je craque mais il ne me regarde pas comme une fille mais comme une amie. Que dois-je faire ?

    - Tu peux mettre cette lettre dans mon sac ?

    - Pourquoi ? Tu ne vas pas lui répondre ?

    - Je vais la montrer à mon frère pour lui faire comprendre que les jeunes de nos jours ne sont pas si innocents que ça.

    - Comme si tu étais innocente à cet âge-là. Dit-elle en posant la lettre sur la table basse.

    - Ça peut te surprendre mais oui. J’étais une petite fille sage à cet âge-là et je le suis encore d’ailleurs.

    - Et moi je suis la petite fille de l’empereur.

    Louna attrapa la télécommande et alluma la télé avant de se diriger dans la cuisine.

    - Bonsoir, ce soir nous avons le plaisir d’accueillir le groupe  Wanokuroku.

    Laia se redressa et regarda la télévision.

    - Tout d’abord toutes mes félicitations pour la sortie de votre nouvel album. Cet album est une pure beauté.

    - Merci.

    - J’ai entendu dire que Toru avait écrit le plus grand nombre de chanson en particulier la chanson qui est classé numéro 1 à l’Oricon. Est-ce vrai ?

    - Ce matin c’était l’autre et maintenant c’est lui ! On ne peut pas allumer la télé sans avoir la paix ses temps-ci, maugréa Louna en éteignant la télé.

    - L’autre ? 

    - Tu devrais te mettre devant ton ordinateur et essayer d’écrire ta chronique et ne pas t’y prendre au dernier moment comme la dernière fois.

    - Pourquoi tu changes de sujet ?

    - Je ne change pas de sujet, va écrire.

    - Comment ça se fait que tu connaisses ma vie en entier et que je ne connaisse rien de toi ?

    - C’est parce que tu ne peux pas t’empêcher de tenir ta langue. Au fait. Tu veux quoi pour ton anniversaire ?

    - Mon anniversaire ?

    - C’est le mois prochain non ?

    - Je ne veux rien.

    - Pourquoi tu me réponds la même chose à chaque fois que je te demande ? Il s’est passé quelque chose quand tu étais gosse ou quoi ? J’ai raison, pas vrai ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

    - C’est le jour où j’ai essuyé mon premier chagrin d’amour, dit-elle en plongeant son regard dehors.

     

     

      ~13 ans plus tôt~

    - Merde, je me fais vieux !

    - Toru ? Qu’est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu devais répéter avec tes potes.

    - Je suis venu te souhaiter un bon anniversaire avant. Dit-il en lui balançant une petite boite au visage.

    - C’est pour moi ?

    - Non, c’est pour ton frère.

    Laia ouvrit la boite et retient sa respiration en voyant ce qu’elle avait devant les yeux. C’était une croix avec au bout un diamant rouge. Cette croix était entourée du signe infini sur lequel était marqué « For Eternity »

    - C’est magnifique, murmura Laia.

    - J’ai de suite pensée à toi quand je l’ai vu. Tu te souviens de notre première rencontre ? Demanda-t-il en lui mettant le collier.

    - J’étais en train de chercher avec mon frère le collier que mon arrière grand-mère m’avait offert. Tu es apparu de nulle part et t’es proposé de nous aider, répondit Laia avec un léger sourire sur les lèvres.

    - J’ai l’impression que ça remonte à hier, dit Toru en s’essayant au sol.

    - On dirait un vieux qui parle…                                            

    - Laia ?

    - Quoi ?

    - Je dois t’avouer quelque chose mais je ne sais pas comment te le dire...

    Laia regarda Toru surprise de son manque de confiance. Se pourrait-il qu’il éprouvait la même chose qu’elle ? La jeune femme retient sa respiration lorsque le jeune homme plongea son regard dans le sien.

    - Je ne dois pas aller répéter avec les potes après…

    - Tu vas faire quoi alors ?

    - Je vais rejoindre Yuki.

    Laia fit un pas à reculons. Pourquoi devait-il rejoindre Yuki ? Se pourrait-il que….

    - Nous sortons ensemble, Laia. Yuki ne voulait pas te le dire mais ça fait maintenant 6 mois déjà et je…

    - Sur toutes les filles qu’il y a autour de toi pourquoi a-t-il fallut que ce soit elle ?

    - Laia ?

    - Je dois y aller. J’ai cours de solfège.

    - Laia !                                                                                   

    La jeune femme sortit en trombe de sa chambre.

    - Laia, ça va ? demanda son frère inquiet de la voir pleurer.

    - Tout va bien. Je vais faire un tour.

    Laia traversa la route et se dirigea dans le parc. Elle passa devant les balançoires et entra dans le château du toboggan avant de s’effondrer en sanglot.

    - Laia ! Cria Toru devant l’entrée du parc.

    Laia regarda par la petite fenêtre du château et regarda Toru tout en priant qu’il la trouve.

    - Oui, Yuki ? … Je lui ai dit oui…

    - Ne pars pas, murmura Laia. Reste, je t’en prie, dit-elle en serrant le collier qu’il lui avait offert dans sa main droite.

    - J’arrive.


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  • Chapitre 3

     

    - Tatie ! C’est tatie !

    - Salut frangin.

    - Salut.

    - Où est Arumi ?

    - Elle est allée chercher sa mère.

    - Tatie ? Tatie ? Tatie ?                                                                                   

    - Pourquoi es-tu aussi bruyante de bon matin ? maugréa-t-elle en posant son manteau sur le canapé.

    - Mon cadeau ? Mon cadeau ? Il est où ?

    - Au magasin. File, tatie n’a pas encore décuvé et elle a peur de vomir sur toi.

    - Tu as picolé ?

    - C’est le seul moyen pour moi de supporter la superbe journée qui s’annonce, dit-elle en s’affalant sur le canapé. Aïe !

    - C’est l’anniversaire de ta nièce. Tu aurais pu faire un effort. Dépêche-toi d’aller décuver ! Va courir ou prendre des médicaments. Fais quelque chose.

    Laia se frotta la tête, arracha des mains le magazine que son frère avait roulé en boule pour la frapper et le jeta à travers la pièce.

    - Pourquoi veux-tu que j’aille décuver ? Vous serez tous bourrés dans moins d’1h surtout toi !

    Kurosaki se leva, se dirigea vers le frigo pour attraper une bouteille d’eau froide et la lança à sa sœur.

    - Comment tu vas ?

    - C’est quoi ce brusque changement de comportement ? Tu es devenu schizophrène ?

    - Si tu as besoin de parler on est là.

    - Ouah. Tu m’as filé la chair de poule. Tu sais que tu es effrayant quand tu balances des paroles de ce genre.

    - Je ne sais pas pourquoi je m’embête à vouloir t’aider.

    - Si tu veux m’aider, fou moi à la porte avant que le dragon n’arrive.

    - Oh, c’est la chanson préféré de maman, cria Mila en pointant du doigt la télé.

    Kurosaki regarda sa sœur et comme il s’y attendait celle-ci était figée. Elle regardait l’écran sans bouger d’un seul millimètre. Avait-elle arrêté de respirer ? Il se leva et se posta de dos devant sa sœur de façon à lui barrer la vue.

    - Mila éteint la télé.

    - Mais…

    - Fais ce que je te dis. Tu as assez regardé la télévision pour aujourd’hui.

    - Vous avez fait quoi à manger ?

    - Ça va ? Demanda-t-il inquiet.

    - Super. Il faut mettre la table ? On doit mettre quel couvert ?

    - Tu peux arrêter de…

    - On est là.

    - Maman ! Papa ne veut pas que je regarde la télé.

    - Vraiment ? Et moi qui voulais écouter de la musique en faisant à manger, c’est dommage.

    - Ne te laisse pas faire maman ! Allume la télé ! Les femmes ont plus de pouvoir que les hommes. Elles ne doivent pas se laisser faire !

    Laia qui était en train de boire reposa la bouteille d’eau et tenta de s’éloigner incognito mais son frère la rattrapa par la capuche de son sweet.

    - Ne t’ai-je pas déjà dit de ne pas fourrer tes idioties dans le crâne de ma fille ? 

    - Qui te dit que c’est moi qui lui ai appris ça ? Elle l’a surement entendu dans sa cours de récréation. Les gosses sont très avancés pour leur…

    - Laia !

    - J’ai compris, j’ai compris. Je n’enseignerai plus rien à ta fille. Je la laisserai ignare et la laisserai vivre dans un monde utopique où tout le monde est beau et gentil.

    - Merci. Où est ta mère ?

    - Elle parle avec la voisine. Tes parents ne sont pas arrivés ?

    - Non.

    - Youhou, on est arrivé ? Il y a personne dans cette maison pour nous accueillir ou quoi !

    - On dirait que le dragon est arrivé, maugréa Laia en se servant un verre de scotch et le vidant cul sec.

    - Donne-moi cette bouteille !

    - Bonjour, belle maman.

    - Oh, bonjour ma belle. Comment vas-tu ?

    - Je vais très bien. Mila vient dire bonjour à grand-mère.

    - Bonjour grand-mère, dit la petite fille en s’inclinant poliment.

    - Quel enfant bien éduqué que nous avons là.

    - Bonjour maman. Où est papa ?

    - Il gare la voiture. Où est ta sœur ?

    - Salut, ‘man.

    La mère de Laia fit un pas à reculons et analysa sa fille de la tête au pied.

    - C’est quoi cet accoutrement ? Tu n’as pas d’habit descend ? Demanda-t-elle avant de se diriger dans le salon.

    Laia ferma les yeux et pris une grande inspiration pour essayer de contrôler son penchant meurtrier qui venait de refaire surface.

    - Reste calme, murmura son frère à son oreille.

    - Rend moi la bouteille de scotch et je te promets de la laisser repartir vivante.

    - Fais un effort, c’est l’anniversaire de ta nièce.

     

    Pourquoi ne s’était-elle pas porté pale ? Elle savait que la journée se passerait ainsi à entendre sa mère critiquer tout ce qu’elle faisait et à parler d’une ville dont elle ne voulait plus entendre parler de sa vie. Elle se versa un autre verre de vin rouge et le bu d’une traite sous le regard inquiet de son frère.

    - Je vois que tu continues à boire toujours autant, lâcha sa mère sèchement.

    - C’est parce que je suis tellement heureuse de te revoir que je ne peux pas m’empêcher de noyer mon bonheur dans ce magnifique bordelais, dit-elle en levant son verre de nouveau plein.

    - Toujours aussi insolente.

    - Maman. Laisse la tranquille un peu.

    - Je fais que ça la laisser tranquille et regarde ce qu’elle devient

    - Une ivrogne invétéré et fier de l’être, dit-elle en se levant pour aller chercher une autre bouteille de vin.

     - Heureusement que je t’ai toi pour remonter le niveau, dit leur mère en tapotant la main de Kurosaki. Au fait, tu ne devineras jamais qui j’ai vu la semaine dernière ! Elle a vraiment pris un coup de vieux.

    - Qui ?

    - La mère de Yuki. Tu sais ton amie d’enfance. Tu passais ton temps avec elle. Vous étiez inséparable.

    - Maman. C’était la meilleure amie de Laia…

    Azumi retient son souffle, s’attendant à ce que sa belle-sœur surgisse pour étrangler sa mère mais rien ne se produisit. La jeune femme avait réussi à enlever le bouchon et buvait directement à la bouteille

    -  Qu’est-ce que tu racontes ? Yuki était…

    - Mon dieu. Laia, ça va ? demanda Azumi en se précipitant vers sa belle-sœur.

    - Le couteau m’a échappé des mains.

    - Tu saignes ! Chéri, va me chercher ma mallette dans la voiture.

    - Voilà ce qui arrive quand on boit trop.

    - Ça suffit maintenant ! cria le père de Laia. Peux-tu te taire deux secondes.

    - Chéri. Qu’est-ce qui te prend ?

    - Tais-toi !

    Azumi entraina Laia dans sa chambre et banda sa main.

    - L’entaille n’a pas l’air profond. Mais il serait préférable que tu ailles à l’hôpital.

    - Merci du conseil mais je vais devoir décliner. Quoi que…

    - Laisse-moi deviner. Tu veux te servir de cette excuse pour t’esquiver ? Je vais demander à ton frère de te ramener chez toi.

    - Je peux rentrer seule.

    - Tu as bu plus de deux bouteilles à toi toute seule. Je me demande d’ailleurs comment tu peux encore à avoir les idées claires et à marcher droit. Ne discute pas où je dis à tes parents que tu n’as rien.

    - Okay.

     

    - Tu as essayé de tuer notre mère avoue ? Demanda son frère en mettant le clignotant à droite.

    - Pris en flagrant délit.

    - Elle peut être désespérante quand elle s’y met.

    - Sans blague. Tu crois ? Oh ! Arrête-toi là.

    - On n’est pas encore arrivé chez toi.

    - Je dois rejoindre Louna, dit-elle en montrant son téléphone portable.

    - Tu vas pouvoir marcher ? Demanda-t-il septique. Avec tout ce que tu as bu…

    - Vous sous estimez vraiment mes capacités à tenir l’alcool tous les deux.

    - Tous les deux ?

    - Ta femme et toi. Oh le feu est rouge. À plus. Dit Laia en descendant de la voiture.

    - Laia !

    La jeune femme se retourna vers son frère et fit le signe des rockeurs en ajoutant :

    - Amuse-toi bien avec le dragon.

    Laia se retourna et se dirigea vers le bar ou se trouvait habituellement Louna.

    - Bienvenu, cria un jeune homme derrière le comptoir. Oh ? Laia, ça fait longtemps que je ne t’avais pas vu.

    - Louna est là ?

    - Elle n’est pas encore là.

    - Donne-moi quelque chose de fort, dit Laia en s’asseyant sur un tabouret devant le comptoir.

    - Mauvaise journée ?

    - Tu n’as pas idée. Dit-elle en buvant le verre que le barman lui avait servi.

    - Salut beauté.

    - Salut. Répondit-elle sans prendre la peine de regarder l’inconnu.

    - Que fais une belle plante comme toi toute seule ?

    - J’attends mon rayon de soleil.

    - Ça doit être alors ton jour de chance. Je suis doué pour éclairer les beautés comme toi.

    Laia tourna la tête et afficha un large sourire :

    - Et moi je suis très douée pour tuer tous ceux qui brillent.

    - Quoi ?

    - Barre-toi tant que je suis encore gentille.

    - Tu sais à qui tu parles ? dit-il en attrapant le col de Laia.

    - À un crétin qui ne comprend même pas un mot de sa langue natale…

    L’homme s’apprêta à lui mettre une claque mais une main lui attrapa le bras, le tordit et le plaqua au sol.

    - Bonsoir, rayon de soleil.

    - C’est qui ce type ?

    - Un nouvel ami.

    - Je vais conseiller donc à ton nouvel ami de se barrer et vite, dit-elle en tordant un peu plus son bras avant de le lâcher.

    - Au revoir, mon ami, cria Laia en faisant de grand signe avec ses bras.

    - Tu es vraiment irrécupérable, soupira Louna. Ce type était sur le point de te frapper. Tu attendais quoi pour réagir ?

    - Takayagi, une bière pour mon rayon de soleil !

    - Tout de suite.

    - Ton repas c’est si mal passé que ça ?

    Laia qui était en train de porter son verre à ses lèvres suspendit son geste.

    - Je me suis éclatée comme une folle.

    - Je vois ça… Tu as laissé combien de cadavre de bouteille derrière toi ?

    - Je dois dire que je me suis surpassée au point d’avoir une belle gueule de bois demain.

    - Rentrons à la maison.

    - Vous voulez que j’appelle un taxi ?

    - Non, c’est bon. L’air frais lui fera du bien.

    - En avant, rayon de soleil ! Allons foutre la raclé au dragon ! cria Laia en se prenant la porte en pleine face.

    - Laia ? Ça va ? Demanda Louna en remettant son amie sur pied.

    - Ça baigne.

    - Allons-y.

    Les deux jeunes femmes sortirent du bar et se dirigèrent vers leur appartement.

    - Bordel… Maugréa Louna qui essayait de faire marcher Laia. Concentre-toi. On est bientôt arrivée à la maison.

    - Bienvenue à Tokyo, Yuki ! Cria Laia en tendant les deux mains en l’air.

    - On va finir par se faire arrêter pour état d’ivresse dans un lieu public, rouspéta Louna. Tiens-toi tranquille !

    - Est-ce que tu te plais à Tokyo Yuki ? Demanda Laia en regardant Louna dans les yeux.

    - Combien de bouteille cette folle a descendu…

    - Tu te souviens de notre rencontre ? Tu n’étais pas plus petite que ça, dit-elle en se baissant.

    -  Elle me prend pour un nain de jardin ou quoi ? Depuis quand j’ai fait cette taille ?

    Louna souffla essayant de se contrôler et s’empêcher de la frapper.

    - Et après tu es devenue grande comme ça, poursuivit Laia en se redressant. Tous les garçons te regardaient. Tous…

    Louna s’inquiéta de voir la jeune femme se figer sur place. Que lui arrivait-t-il ? Pourquoi ce brusque changement d’humeur ?

    - Laia ?

    - Les garçons sont tous des crevards ! Cria-t-elle subitement.

    - Bien dit ma sœur ! Allez viens.

    Louna attira Laia dans leur immeuble, l’aida à monter les marches et s’arrêta devant leur porte. Une fois à l’intérieur, elle l’amena dans son lit, enleva ses chaussures et la recouvrit. Louna s’assit au bord du lit et caressa les cheveux de son amie. Que c’était-il passé pour qu’elle soit dans cet état ?

    - Tu m’avais promis de rester toujours à mes côtés, marmonna Laia qui s’était endormie immédiatement.

     

     ~14 ans plus tôt~

    - Laia !

    - Yuki ? Je ne suis pas en train de rêver, hein ? C’est bien toi ?

    - Tu m’as manqué ! dit Yuki en enlaçant sa meilleure amie.

    - Qu’est-ce que tu fais ici ? Demanda Laia toute excité.

    - Mon père avait le choix d’être muté à Osaka ou Tokyo. Et il a choisi Osaka.

    - Il a choisi Osaka ?

    - Je l’ai harcelé pendant 3 mois et ça a marché !

    - Tu es dingue !

    - Ma meilleure amie me manquait trop, dit-elle en enlaçant de nouveau Laia. Laisse-moi te regarder. Ouah, tu es vraiment devenue canon.

    - Et c’est celle qui a une taille de mannequin qui me sort ça… Tu es dans quelle classe ?

    - 3B.

    -Oh ! C’est ma classe !

    - Géniale, on va pouvoir rattraper le temps perdu ! J’ai vu notre prof principale. Elle est un peu cul pincée non ?

    - Ouais.

    - Ouah, c’est qui ces beaux gosses ?

    - Ils sont dans notre classe.

    - Nishi !

    Laia tourna la tête et vit Toru qui courait dans sa direction.

    - Tu n’aurais pas vu mon mediator chez toi par hasard ? Je l’ai cherché partout il est introuvable.

    - Je ne l’ai pas vu, désolée.

    - Salut, dit Toru en dévisageant Yuki de la tête au pied. Je suis Toru.

    - Salut, moi c’est Yuki. Je suis la meilleure amie de Laia.

    - Tiens donc. Elle avait oublié de mentionné qu’elle avait une amie aussi mignonne.

    Laia cligna des yeux, surprise par ce qui était en train de se passer. Était-il en train de lui faire son numéro de dragueur où rêvait-elle ?

    - Tu devrais retourner dans ta classe Toru. Les cours vont bientôt commencer.

    - J’y vais, calme-toi Nishi. Si tu trouves mon mediator, appelle moi.

    - Et si je le trouve moi ? Demanda Yuki en enroulant une mèche de cheveux autour de son doigt.

    - Tu auras juste à crier mon nom et je viendrai sur mon cheval blanc, dit-il en lui déposant un baiser sur la main avant de partir.

    - Où as-tu rencontré un type de ce genre ? Il est vraiment sexy. Il est célibataire ?

    - Je… Allons-y les cours vont commencer.

     


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  • Chapitre 2

     

    - Oui, patron ?

    - Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans :  Je veux ta chronique demain à la première heure ?

    Laia posa sa main sur le combiné et maugréa des injures. Voilà donc ce qu’elle avait oublié de faire !

    - Je vous l’ai envoyé dans la nuit, patron. Se pourrait-il que vous ne l’ayez pas reçut ? dit-elle en allumant son ordinateur.

    - Ne me prends pas pour un bleu, Nishi !

    - Comment osez-vous douter de mon professionnalisme, patron ? Je suis vexée.

    - Professionnalisme mes fesses. Envoie-moi ta chronique avant le bouclage du magazine !

    - Oh ? Il m’a raccroché au nez ce vilain garnement… Salut, rayon de soleil, dit Laia en voyant sa colocataire apparaitre à moitié endormi sur le pas de la porte de sa chambre.

    - Tu te fais encore sermonner par ton patron ?

    - Je me fais pas sermonner. Il me dit juste à quel point il m’aime.

    - Mais bien sûr… T’as acheté le café ? Je suppose que non vu la tête que tu me fais, soupira Louna en attrapant du jus d’orange.

    - Le café est mauvais pour les neurones. Ça été prouvé statistiquement que les personnes qui boivent beaucoup de café ont trois fois plus de chance d’attraper une maladie neurodégénérative.

    - Où est-ce que t’es allée pécher une ânerie de ce genre ?

    - Le merveilleux système du corps humain sur AsahiTV.

    - Ne me dis pas que tu es restée devant la télé toute la nuit.

    - Je suis sortie boire un verre.

    - Avec qui ?

    - Faut-il forcément être accompagné pour se mettre une murge ?

    - Je ne te comprendrai décidément jamais.

    - Je suis un cas à part que veux-tu, dit-elle en prenant son ordinateur.

    - Où tu vas ?

    - Je sors chercher l’inspiration pour écrire ma chronique.

    - Tu n’as pas fini de l’écrire ? Demanda Louna surprise.

    - Je n’arrive pas à écrire lorsqu’on m’impose un thème. On est en dans un pays libre pardi !

    - En voyant ta tête on dirait qu’ils t’ont imposé une chronique sur l’amour avec un grand A… Attends. J’ai raison ? Demanda Louna avant d’exploser de rire. Excellent.

    - Puis-je savoir ce qu’il y a d’hilarant là-dedans ?

    - Tu t’es promis de tout faire pour éradiquer ce mot de ton vocabulaire et au final tu dois faire une chronique. Si ce n’est pas hilarant qu’est-ce que c’est ? Demanda-t-elle en essayant de contrôler son fou rire.

    - T’as raison. Je suis sûr que ce vieux grincheux m’a filé ce thème parce que je ne rends jamais mon travail à l’heure.

    Laia s’approcha de sa colocataire qui était en train de boire son jus d’orange et se dandina sur un pied tout en affichant un large sourire.

    - T’es vraiment flippante, tu sais ?

    - Tu ne veux pas m’aider.

    - Pas question. Je suis photographe pas chroniqueuse.

    - Elle a raison.  Je devrais poser la question à quelqu’un qui s’y connait en amour et pas à quelqu’un qui a fait une croix dessus…

    - Je te rappelle que je suis encore là, Laia.

    - Je devrais aller demander à la grand-mère du rez de chaussée. Elle a eu plus d’aventure que nous deux réunis. À ce soir, rayon de soleil.

     

    - Salut mémé !

    - Rentre chez-toi morveuse avant de recevoir des coups de cannes.

    - C’est comme ça que vous receviez les gens qui venaient vous rendre visite à votre époque ?

    - Je recevais les gens de ton espèce de la même façon que je te reçois, déguerpi.

    - Je savais que vous seriez d’une humeur exécrable, c’est pour ça que je vous ai acheté des laxatifs. Tadam ! Dit Laia en sortant la boite de médicament hors de la poche.

    - Tes parents doivent vraiment souffrir d’avoir une fille aussi mal élevé.

    - Voyons, mémé. Une fille mal élevé n’achèterait pas une boite de laxatif à sa voisine.

    - Dis ce que tu as à dire et va-t-en !

    - Combien d’aventure vous avez eu dans votre vie ?

    Laia retira sa main à temps avant que la porte ne se referme sur ses doigts.

    - Grand-mère ? Grand-mère ! La porte s’est fermée ! Dit-elle en tambourinant dessus.

    - File ! Suppôt de Satan.

    - Je veux juste un chiffre.

    - Que diable manigances-tu ? Demanda la vieille dame en ouvrant de nouveau la porte.

    - Je dois écrire une chronique sur l’amour avec un grand A.

    Laia fit un pas à reculons lorsque la porte se referma de nouveau sur elle.

    - Je ne plaisante pas mémé.

    - Comme si une fille comme toi pouvait s’intéresser à ce genre de chose. Rentre chez toi ou va travailler ! Ça changera un peu !

    - C’est pour ça que je viens vous voir, maître. Enseignez-moi votre connaissance.

    La porte s’ouvrit de nouveau.

    - Enlève tes chaussures avant d’entrer.

    Laia s’exécuta, se dirigea dans le salon puis s’avachit sur le canapé

    - Tes parents ne t’ont pas appris à te comporter en lady ? Tiens-toi droite ! rouspéta la vieille dame en posant des biscuits sur la table.

    - Merci.

    - Qu’est-ce que tu veux savoir.

    - Vous aviez quel âge quand vous êtes tombée amoureuse pour la première fois ?

    - 14 ans, c’était le fils du boucher Hiroki Tamaya. Il était plus âgé que moi et était attiré par les filles plus âgées que lui.

    - Des filles avec de plus gros néné que vous en gros…

    - Je ne pouvais lui en vouloir de préférer ce genre de fille. Après tout, les garçons de mon époque croquaient la vie à pleine dent avant de partir à la guerre. J’aurais été triste pour lui s’il était mort s’en avoir vécu.

    - Il est rentré de la guerre vivant ?

    - Oui il est rentré.

    - Vous lui avez avoué vos sentiments ?

    - Oh non, ce genre de chose ne se disait pas à l’époque.

    - Il n’a jamais su alors ce que vous éprouvez ?

    - Les gestes et les regards dépassent largement les mots, dit la vieille dame en montrant une photo en noir et blanc d’un couple de jeune marié en tenu traditionnelle.

    - Mon premier amour et dernier amour…

    - Vous voulez dire que vous n’avez connu que ce type ?

    - Pourquoi es-tu aussi surprise gamine ?

    - Vous me décevez, mémé. Je croyais que vous aviez eu des tas d’aventure et au final vous avez connu qu’un seul type.

    - Je n’aurais jamais dû te répondre. Rentre chez toi maintenant que tu as ta réponse. J’ai autre chose à faire qu’éduquer une morveuse dans ton genre.

    Laia afficha un large sourire et se dirigea vers la porte avant de crier :

    -  N’oubliez pas de prendre vos laxatifs, grand-mère. Ça fait longtemps que vous n’êtes pas allée  la selle.

    - Petite morveuse, dit la vieille dame en lançant sa chaussure qui atterrit contre la porte

    Laia se gratta la tête et repensa à ce que la vieille dame lui avait dit. Est-ce que le grand amour existait bel et bien ? Où était-ce juste un mot inventé par des personnes pour se sentir en paix ?

    - Mon premier et dernier amour, répéta-t-elle. Qui aurait cru que cette vieille femme était aussi fleur bleu…

     

    - Salut, rayon de soleil.

    - Qu’est-ce que tu fais ici ?

    - Tu me manquais, répondit-elle avec un large sourire.

    - Comment tu m’as trouvé ?

    - J’ai installé un traceur sur ton téléphone.

    Louna attrapa son téléphone portable et s’apprêta à le jeter dans le lac mais Laia l’en empêcha.

    - Je déconne ! Je me rendais à la bibliothèque quand je t’ai vu.

    - Pourquoi tu allais à la bibliothèque ?

    - Pour faire des recherches, répondit Laia en s’asseyant sur le banc à côté de son amie.

    - Tu n’as toujours pas trouvé l’inspiration ?

    - Tu crois que les premiers amours sont faits pour durer éternellement ? Je veux dire… tu crois que lorsqu’on tombe amoureux pour la première fois on finit forcément avec lui ?

    - Mon premier amour m’a pris ma virginité et ensuite largué comme une merde avant de sortir avec toutes les filles qu’il croisait. Est-ce que ça répond à ta question ?

    - Pas étonnant que tu t’amuses avec les gars maintenant…

    -Je crois que les premiers amours sont faits pour être terrassés et être mis aux oubliettes. Tout comme l’amour avec un grand A.

    - Et après on dit que c’est moi la plus effrayante !

    - L’hôpital qui se plaint de la charité…

    -  Mon premier et dernier amour… La vieille dame m’a sorti ça tout à l’heure. Son mari a été le seul et unique amour de sa vie.

    - Il a été le seul et unique parce qu’à son époque, ils ne pouvaient pas voir ailleurs…

    - Il y a beaucoup de second mariage chez les seniors de nos jours.

    - C’est parce qu’ils ne veulent pas mourir seul, rien de plus rien de moins.  Il faut que je passe au bureau. Tu veux que je transmette un message au boss de ta part ?

    - Va te faire voir.

    - Je ne manquerai pas de lui dire. Amuse-toi bien avec ta chronique

    Laia s’ébouriffa les cheveux avant de s’allonger sur le banc.

    - Pourquoi est-ce si difficile à écrire sur un sujet aussi débile ! dit la jeune femme en se redressant. Je dois juste m’y mettre et me lancer !

    Laia attrapa son ordinateur et commença à écrire :

     

    Mon premier amour est l’amour de ma vie…

     

    Plus les années passent et plus on se rend compte que l’amour d’avant n’est plus celui de maintenant. Nos ancêtres n’avaient pas besoin de crier haut et fort le mot fatidique tant redouté par des millions de célibataire endurcie. Non, ils avaient juste besoin de regarder l’être aimé en face et le tour était joué. Un bisou, une bague au doigt et bienvenu à la nuit de noce…

    J’ai écouté beaucoup de récit relaté par plusieurs personnes  pour écrire cette chronique. Et je dois avouer que ce n’était pas une chose aisée car lorsque je répondais à une question, une autre question surgissait à mon esprit. Surtout une en priorité dont je n’ai pu trouver encore la réponse :

    - Est-ce qu’un premier amour peut durer toujours ?

    Lorsqu’une vieille dame ma relaté son récit elle l’a terminé en déclarant « C’était mon premier et dernier amour ». Faut-il continuer à aimer lorsqu’on a perdu son premier amour ou doit-on se faire enterrer avec lui sans connaitre une nouvelle fois le bonheur ?

     

    - Quelle plaie, soupira Laia en posant son ordinateur sur le banc.

    La jeune femme s’approcha du lac et plongea son regard dans l’eau tout en continuant à se questionner.

    - Mon premier et dernier amour… murmura-t-elle.

    Laia retourna vers le banc et commença à paniquer en voyant sur l’écran de l’ordinateur : « Fichier envoyé »

    - C’est quoi ce délire ? dit-elle en s’excitant sur les touches. Je n’avais pas fini d’écrire abrutis !

    Elle regarda les messages envoyés et se figea sur le nom de l’objet du dernier message « Mon premier amour ». Laia referma subitement l’ordinateur et porta sa main à son coeur qui s’était mis à battre la chamade en repensant à un évènement de son passé, soit le jour où elle avait commencé à découvrir ce qu’était l’amour.

     

    ~15 ans plus tôt~

    - J’ai fini de composer la chanson, dit Toru en enjambant la fenêtre de la chambre de Laia.

    - Tu as fini tes devoirs ?

    -Ouais. Dit-il en sortant sa guitare de son étui.

    -Sérieux ?

    - Tu crois vraiment tout ce que je te dis…. Pourquoi m’emmerderais-je avec des cours qui me serviront pas dans la vie.

    - T’as vraiment de la chance de vouloir être musicien plus tard, soupira Laia.

    Toru attrapa le cahier de maths de Laia et le balança à travers la fenêtre.

    - Toru !

    - Il faut que tu apprennes à vivre un peu Nishi, aussi non tu vas finir vieille fille avant l’heure.

    - Très bien. Vas-y. Balance ta chanson, je t’écoute !

    Toru s’assit sur le bord du lit et fit parcourir ses doigts sur les cordes de la guitare. Une mélodie harmonieuse et douce s’envola dans la pièce et vient répercuter de plein fouet Laia. Que lui arrivait-il ? Elle reçut le coup de grâce lorsque le jeune homme se mit à chanter subitement. Était-ce son cœur qui battait la chamade comme ça ? Où était-ce son frère qui jouait de la batterie ?

    - Alors ? Tu en penses quoi ? Demanda-t-il une fois la chanson terminé. Tu n’aimes pas ou quoi ?

    Laia se leva brusquement, se gratta la nuque à la recherche d’une excuse pour sortir et vite de la pièce :

    - Il faut que j’aille aux toilettes. Dit-elle avant de s’enfuir hors de sa chambre.

    - Tu pourrais répondre à ma question, Nishi ! Cria Toru. Tu aimes ou pas ?!

    - J’aime, murmura-t-elle paniqué.


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